Page 10 - e-book
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- Miam ! Oh oui, cet imaginaire qu'il recèle...
- Mes lecteurs pourraient s'évader encore plus loin ! - Leurs songes se transformeraient en savoir.
Même la libraire, accroupie derrière une table, se relève et le regarde en fronçant les sourcils. Il lui rend son œillade en haussant les épaules, l'air de dire qu'il n'y est pour rien. Il n'a pourtant pas le temps de dire un mot que la bibliothèque, dans son dos, émet un craquement sourd.
Lorsque Ethan se retourne, les livres – des centaines – sont au bord des étagères, frémissant, grondant, tressaillant. Et il comprend ce qu'il va se passer. Alors, il les embrasse du regard une dernière fois, sourit et ouvre les bras.
La libraire dira plus tard – quand les pompiers la sortiront des décombres du tremblement de terre qui a ravagé la ville – que les murs se sont mis à trembler, que le sol a bougé, qu'elle a cru que sa vitrine – derrière laquelle le trottoir s'est fendu sous la secousse – allait exploser et qu'elle s'est précipitée sous la table. Elle dira aussi que Ethan a essayé de se protéger des livres qui lui tombaient dessus, mais en fait, il les accueille, parce qu'il sait que ce n'est qu'un juste retour des choses.
Il les voit se jeter sur lui, toutes pages ouvertes, comme autant de bouches affamées et avides, et n'a le temps que de se demander ce qu'on retrouvera de lui, avant d'être englouti.
Chrysostome Gourio