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Le Grimoire maléfique
Un déluge de pluie tombait depuis ce matin. Constantin et sa petit soeur Matilda, âgée de 7 ans coururent et entrèrent dans leur librairie préférée: la librairie Matriochkas.
Natalia Guburgova, une libraire russe avec sa chevelure noire touchant presque le sol
souhaitait que ses
cheveux atteignent ses orteils. On n’osait même pas imaginer les litres de shampoing qu’elle devait
acheter!
• Bonjour les enfants ! ne restez pas dehors, venez vous sécher ! dit Natalia.
• Vous cherchez quelque chose de particulier ? demanda t-elle.
• Non, mais nous sommes ouverts et curieux à toute proposition. répondit Constantin.
• Alors ! Connaissez vous l’histoire de Baba Yaga ? demanda Natalia.
• Non. répondirent les enfants.
• Eh bien ! Baba Yaga est une sorcière unijambiste, réputée pour sa cruauté et son aspect terrifiants.
Les cheveux en bataille, elle ne porte pas le traditionnel foulard sur sa tête, ce qui était, jadis, plutôt mal vu, voire scandaleux pour les paysans russes. Elle se dit aussi gardienne de la fontaine d'eau de la vie et de la mort. Selon la légende, elle vieillit d'un an à chaque fois qu’on lui pose une question, ce qui ne l'empêche pas de rajeunir en buvant une décoction de roses bleues. On la considère comme une dévoreuse d'êtres humains, surtout des enfants. On dit que cela est dû à sa bouche s'étirant de la terre aux portes de l'enfer et de plus ses dents sont tranchantes comme de l’acier. Malgré son féroce appétit, elle est plutôt maigre, voire squelettique. Elle se déplace en volant accroupie dans un mortier magique, s'aidant d'un pilon comme gouvernail. Elle efface méticuleusement ses traces avec un balai de bouleau argenté. Elle possède une incroyable maisonnette au fin fond des forêts : une petite cabane en bois montée sur des pattes de poulet et de là elle peut se lancer à la poursuite de ses victimes”.
Les yeux de Matilda s'émerveillèrent d’admiration et s’écria : “Oh j’adore l’histoire de Baba Yaga ! Je veux acheter ce livre !”. Natalia sourit, se précipita alors pour chercher le roman dans les rayonnages, finit par le
trouver et le donner à la jeune enfant.
• Les enfants, je dois vous laisser et retourner travailler, prenez le temps d’admirer les livres. Si vous me cherchez, je serai dans la réserve” expliqua Natalia.
Elle s’en alla ... on ne vit presque plus sa silhouette, cachée par sa longue chevelure noire.
Constantin et Matilda retournèrent alors aux rayons de livres, ils regardèrent en flânant, leurs doigts se touchant en glissant sur les couvertures des livres. Et au fond d’un rayon, un gros livre dont la couverture
est plus noire que la nuit la plus sombre, les mots y sont écrits en lettres de sang...
• Constantin, regarde là dit Matilda en pointant du doigt. Qu’est-ce que c’est ? demanda t-elle.
• C’est une grimoire magique, voire maléfique” répondit Natalia qui était revenue de la réserve ... “C’était à Léonid, mon arrière grand-père qui possédait la librairie Podpisnye Izdania, l’une des plus anciennes librairies de Saint-Pétersbourg. Fondée en 1902, la librairie a survécu au siège de Léningrad et à l’effondrement de l’URSS. Les livres ont toujours été à l’honneur dans la famille Guburgov. Dans les années 40, ma grand-mère, Galina Guburgova, âgée de 16 ans, vendait déjà des livres puis elle a pris les rênes de Podpisnye Izdania, pour en confier ensuite la gestion à mes parents. A sa mort, ils m’ont légué ce grimoire. Selon les dires dans ma famille, ce livre est un “mauvais oeil”.
Ecoutez les enfants, il ne vaut mieux pas le toucher” raconta Natalia.
Natalia retourna à la réserve. Constantin et sa petite soeur restèrent bouche bée en regardant le grimoire.
Constantin partit alors à la recherche d’un livre qu'il va lire. Une fois que son choix fut fait, il garda le livre à la main comme pour l'apprivoiser. Finalement il glissa le dos contre une bibliothèque et feuilletta les
pages.
Mais les doigts de Matilda touchèrent le grimoire et un bruit de sifflement retentit.
Soudainement la pluie s’arrêta. Les enfants virent le grimoire d’où une fumée soufflait et se transformait en vapeur. Les enfants se retournèrent et virent un énorme gorille penché sur le comptoir de caisse. Complètement perdu, il poussait de petits cris.
• Oh regarde ! On dirait Sally Jones comme dans le livre de Jakob Wegelius dit Constantin.


































































































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