Page 22 - 2023-11-13;Bulletin, Vol.82 No.2, October 2023

seront établis pour faire ressortir l’évolution du parc, depuis le « parc de l’Ariana » et
ses 25 hectares environ jusqu’au parc actuel de plus de 44 hectares. Les « monuments
disparus » seront également décrits : pour La Fenêtre le Temple de l’Amitié (détruit par
la foudre en 1946), la chapelle (démolie en 1972, où vécurent misérablement deux
vieilles demoiselles), l’Obélisque (transférée en 1907 au cimetière du Petit-Saconnex,
puis en 2006 à celui de Plainpalais), pour le Bocage : la dépendance avec la chapelle
(démolie en 1984), la « maison Bachmann » (démolie en 1977).

L'historique de ces propriétés sera évoqué depuis la construction des villas, leur
acquisition par la SDN ou l’ONU, ainsi que l'histoire des anciennes familles propriétaires
dont j’ai rencontré les actuels descendants (à l’exception de ceux la villa La Fenêtre).
Parmi ces anciennes familles une est particulièrement intéressante : les Duval. De
lointaine ascendance française ils sont venus se réfugier à Genève, pour cause de
e
religion vers le milieu du XVI siècle. Leur ancêtre Étienne Duval, persécuté par
l’archevêque de Rouen, est admis à la bourgeoisie de Genève en 1555. Un de ses fils,
David, s'illustrera lors de la mémorable nuit de l’Escalade, en décembre 1602. Un des
descendants d’Étienne, Louis-David (1727-1788), nommé joaillier de la Couronne de
Russie en 1762 par l’impératrice Catherine II, sera l’auteur d’une branche qui s’établira
en Russie pendant soixante-quinze ans. Les Duval rentrèrent à Genève entre 1803 et
1806 et firent construire deux des villas de la SDN : La Pelouse (construite en 1853 par
Philippe Duval, né à Saint-Pétersbourg en 1844) et Le Chêne, ainsi qu’une troisième :
la « villa Blanche » (construite vers 1855 par Étienne Duval, 1824-1914, peintre),
propriété très éphémère de la SDN puisqu’elle fut revendue le jour même de son achat,
le 14 juin 1938, au Gouvernement Letton. Enfin une quatrième villa, « le Vieux Bois »
fut acquise en 1817 par un autre Duval, François, 1766-1854, de retour de Saint-
Pétersbourg. L’achat de cette propriété contiguë au parc de l’Ariana, devenue École
hôtelière en 1951, avait été envisagé par l’ONUG en 1968-1969. Dans cette famille
Duval signalons encore François (1776-1854), ancien consul général de Suisse à St-
Pétersbourg qui épouse Ninette Töpffer, sœur de Rodolphe, « l’inventeur de la bande
dessinée », Louis-David (1727-1788) protecteur à St-Pétersbourg de l’écrivain
Bernardin de St-Pierre, et Jeannette Duval (1772-1845) épouse de Nicolas Soret dont
le fils Frédéric (1795-1865) deviendra l’ami et le confident de Goethe (il sera l’auteur de
« Conversations avec Goethe »)

Trois des villas (La Pelouse, La Fenêtre et Les Feuillantines) furent les résidences de
pas moins de : 5 Secrétaires généraux (dont les 3 de la SDN, 1 de la CNUCED et 1 de
l'ICITO/GATT), 1 Secrétaire exécutif (CEE), 11 Directeurs généraux (dont 2 du BIT et 9
de l'ONUG). Un certain nombre de fonctionnaires – dont un officier de sécurité -
logèrent dans les dépendances de ces villas.

Une villa voisine, Les Tournelles, enclavée dans le parc, sera également mentionnée
car son achat fut aussi envisagé en 1989 par l’ONU pour en faire « la Maison de la
Paix » ou y aménager des bureaux. Le dernier propriétaire, Maurice Milhaud (1899-
1974), fonctionnaire de l’ONU de 1946 à 1961, jouissait d’un privilège absolument
unique dans les annales de l’Organisation : il bénéficiait d’une entrée directe et
personnelle dans le parc de l’Ariana ! Il avait pu en effet obtenir de l’Administration

AAFI-AFICS BULLETIN, Vol. 82 No.2, 2023-10 20

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