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 « Saint-Louis, une histoire calédonienne »



 Interview de
 Ben Salama







 auteur et realisateur















 Q  :  Vous  un  réalisateur   parvenue, et quel message   et	 un	 référendum	 pour	 l’autodétermination	 est	 prévu	 fin	  Q : Finalement Mr Ben Salama, Diva est une revue dont le
 et  journaliste  célèbre.   cherchez-vous  à  nous   octobre	de	cette	année.  lectorat est surtout des diplomates. Est-ce que vous avez un
 Pourriez-vous nous parler   faire parvenir.                   message à leur faire parvenir ?
 de votre parcours ?  En	 2013,	 j’avais	 déjà	  Q : Combien de temps est-ce que vous avez mis pour terminer   Je	 n’ai	 pas	 de	 message	 particulier,	 et	 j’avoue	 que	 je	 ne
 Je	suis	né	en	Algérie,	dans	les	montagnes	de	Kabylie.	J’ai	fait	  réalisé,	 avec	 Thomas	 Marie,	 un	 film	 sur	 la	 Nouvelle-  le film et quel a été la plus grande difficulté ?  connais	pas	bien	le	travail	des	diplomates.	Mais	peut-être
 mes	études	en	Kabylie	puis	à	Alger	jusqu’au	baccalauréat.	EN	  Calédonie	 qui	 s’intitulait	 «	Naissance	 d’une	 nation	»	 sur	  Nous	avons	mis	dix	mois,	entre	la	préparation,	le	tournage	  partageons-nous	cette	démarche	d’humilité	et	d’ouverture
 1972,	je	suis	arrivé	à	Paris	pour	préparer	le	concours	d’une	  le	 processus	 de	 décolonisation,	 initié	 en	 1988	 par	 Michel	  et	 les	 finitions	 en	 novembre	 dernier.	 La	 difficulté	 est	 le	  que	nous	devons	avoir	face	à	toute	nouvelle	réalité	que	se
 grande	école	de	cinéma,	l’IDHEC	(aujourd’hui	la	FEMIS)	;	  Rocard,	alors	Premier	ministre	de	la	France.	Toujours	avec	  tournage	car	il	fallait	obtenir	la	confiance	de	la	tribu	et	des	  présente	à	nous.
 l’année	suivant	j’ai	été	admis	à	cette	grande	de	cinéma.  Thomas,	 nous	 avions	 envie	 de	 retourner	 dans	 ce	 pays,	 et	  jeunes	qui	témoignent	dans	le	film.	Ce	n’est	pas	facile	pour
 A	la	sortie	de	cette	école,	j’ai	eu	énormément	de	difficultés	  nous	 avions	 décidé	 de	 le	 raconter	 uniquement	 à	 travers	  eux	de	livrer	à	une	caméra,	leur	vie,	leur	sentiment	et	leurs
 à	travailler	dans	le	milieu	du	cinéma.	L’écriture	m’a	amené	  la	parole	de	jeunes	kanak	d’une	tribu,	source	de	violences	  aspirations.
 plus	facilement	vers	une	activité	de	journaliste,	ainsi	j’ai	pu	  comme	il	en	existe	dans	plusieurs	banlieues	dans	le	monde.
 faire	une	carrière	dans	ce	métier	durant	plusieurs	années.	  Je	dois	ajouter	qu’en	tant	Algérien	qui	avait	vécu	la	guerre	  Still	from	documentary
 Au	sein	de	France	Télévisions	par	exemple,	j’ai	pu	occuper	  d’Algérie,	ce	qui	se	passe	en	Nouvelle-Calédonie	m’intéresse
 plusieurs	 postes	 dont	 celui	 de	 Rédacteur	 en	 chef	 des	  au	plus	haut	point.
 journaux	télévisés.
 Q : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans la réalisation
 Q : Pour beaucoup de jeunes d’origine magrébine en France   de ce documentaire ?
 vous représentez un modelé à suivre. Que pensez-vous de   Le	séjour	de	presque	deux	mois	dans	cette	tribu	de	Saint-
 cela ?  Louis	 qui	 se	 trouve	 à	 moins	 de	 10	 kms	 du	 centre	 de	 la
 Je	ne	sais	pas	si	je	suis	un	modèle.	Ce	qui	est	sûr,	c’est	  capitale,	Nouméa.	Les	moments	que	nous	avons	vécu	avec
 que	 l’accès	 aux	 médias	 est	 plus	 facile	 pour	 des	 jeunes	  les	 jeunes	 de	 cette	 tribu,	 m’ont	 durablement	 marqué.	 Les
 d’origine	 magrébine	 ou	 africaine	 qu’à	 mon	 époque.	 Je	  liens	que	nous	avions	tissés	restent	encore	forts,	plusieurs
 pense	que	ma	génération	a	ouvert	la	voie,	en	forçant	un	  mois	après	le	tournage.	D’ailleurs,	nous	continuons	à	nous
 peu	les	portes.	  téléphoner	malgré	les	20	000	kms	qui	nous	séparent.

 Q : Combien de films avez-vous fait jusqu’à ce jour ?  Q : La colonisation et les conséquences de celle-ci sont-elles
 Je	n’ai	pas	fait	beaucoup	de	films,	car	j’ai	surtout	gagné	ma	  quelque chose qui vous tiennent à cœur. Si oui pourquoi ?
 vie	avec	mes	activités	de	journaliste.	Il	n’y	a	que	depuis	une	  J’ai	 vécu	 la	 guerre	 d’Algérie,	 enfant	 dans	 les	 montagnes
 dizaine	d’années	que	je	suis	revenu	à	mes	premières	amours	  kabyles,	donc	je	sais	ce	que	c’est	qu’une	colonisation	et	une
 en	me	lançant	dans	la	réalisation	de	films	documentaires.	  décolonisation	qui	se	passe	mal,	c’est	à	dire	par	les	armes.
 J’ai	réalisé	une	quinzaine	de	films	qui	portent	tous	sur	des	  Ce	 qui	 se	 passe	 en	 Nouvelle-Calédonie	 est	 différent	 car
 sujets	qui	me	tiennent	à	cœur.  grâce	à	Michel	Rocard	un	processus	de	décolonisation	par
 le	dialogue	a	été	mis	en	place.	Bien	sûr	que	les	choses	ne	sont
 Q : Vous venez juste de terminer un film sur l’histoire de   pas	complètement	réglées	dans	ce	pays,	mais	la	guerre	a	été
 la Nouvelle Calédonie. Comment est-ce que l’idée vous est   évitée.	Il	reste	aujourd’hui	à	aller	au	bout	de	ce	processus,



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