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Jaqueline Queneau / © Jean Musy / 2025
Exposition au Château de Ferney-Voltaire
A la table de Voltaire
avec Jacqueline Queneau, spécialiste des arts de la table et commissaire d’exposition
Comment recevait l’Aubergiste de l’Europe et armoiries du manche en haut. Point de verre à
que mangeait-on à sa table, le tout en bonne table. On boit à la demande et cul sec la portion
conversation ? Voilà ce que nous propose la d’eau ou de vin réclamée et on rend l’objet qui
nouvelle exposition du Château de Voltaire sera vaguement rincé dans la glace, au fond d’une
jusqu’au 4 janvier 2026. De la table du Grand verrière posée sur un guéridon, puis resservi à
Couvert comme expression de l’art de vivre à la un autre hôte sans plus de façon.
Française au XVIII ème siècle aux compositions
du dîner, avec son «fruit» nal, venu du jardin Grâce à la découverte du kaolin, on mange dans
du philosophe, vous découvrirez le rituel social des porcelaines européennes, comme les bleutées
derrière le plaisir gastronomique. de Bernardaud à Limoges, qui complètent les
Voltaire tenait « table ouverte ». On y venait chinoises de la Compagnie des Indes, dont les
voir le Patriarche et on goûtait aux plaisirs de la motifs envoyés pour copie voient leurs bergères
conversation comme au débat d’idées. «Art de dessinées avec les yeux bridés.
vivre et émulation intellectuelle sont étroitement
imbriqués», comme nous le rappellent les Les collections présentées dans une belle
commissaires de l’exposition, Flavio Borda scénographie de Jean-Louis Janin Daviet
d’Agua et François Jacob, entourés de Jacqueline rassemblent des oeuvres exceptionnelles, issues
Queneau, écrivaine spécialiste des arts de la de collections prestigieuses, dont celle de
table. Jacqueline Queneau, auteure de Les arts de la
Table, Us et coutumes du Moyen Age jusqu’à nos
«Ce qui me fâche», écrit Voltaire en 1759, en jours (Ed. La Martinière).
évoquant ses amis Gallatin, «c’est qu’ils ne soient J M
pas venus manger avec leurs amis un dindon aux
tru es de Ferney tendre comme un pigeonneau,
et gros comme l’évêque de Genève». L’esprit est
attablé à la bonne chair.
Le couvert «à la bonne main»
On y soupe vers neuf heures le soir et jusqu’à tard.
Le couvert est dressé «à la bonne main», c’est-à-
dire à l’envers de nos habitudes d’aujourd’hui, les
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