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l’Amérique du Nord et du Japon et qu’ils reconnaissent ces dernières comme telles. Les Etats
participants au Sommet de Pittsburgh se sont mis d’accord pour transférer au sein du Fonds
Monétaire International (F.M.I.), à partir de 2011, 5% des droits de vote de pays
économiquement développés (France, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas) vers des pays
émergents, essentiellement asiatiques.
Ce rééquilibrage de la gouvernance mondiale au profit d’Etats du Sud se cantonne
pour l’instant au domaine économique et financier. Il ne se traduit pas par un élargissement du
Conseil de sécurité à de nouveaux membres permanents. C’est là le but principal de la
diplomatie de certains Etats économiquement émergents, dont le Brésil qui développe une
politique d’armement en vue de devenir une puissance militaire conséquente. Ces Etats
espèrent traduire leur puissance économique montante en avantage politique sur la scène
internationale, en devenant membres permanents du Conseil de sécurité pourvus du droit de
veto.
Quels que soient les bienfaits du rééquilibrage en cours entre le Nord et le Sud, il ne
fait que prendre en compte, au sein de certaines organisations internationales et de forums
informels, de l’évolution du rapport des forces en présence sur la scène mondiale. Le degré de
puissance, économique, démographique, politique et militaire, de chaque Etat reste l’étalon du
rééquilibrage. La puissance reste un facteur primordial à prendre en compte dans les relations
internationales. C’est d’ailleurs au regard de l’importance de la puissance dans les relations
internationales que de nombreux observateurs ont été amenés à nier l’existence même du droit
international public.
Section III – La remise en cause du droit international
Alors que la société internationale n’a jamais été aussi universelle et que le droit
international n’a jamais couvert autant de domaines matériels qu’aujourd’hui, il continue de
faire face à une remise en cause. La remise en cause est politique et idéologique (§ 1.) ; elle a
également reposé sur des considérations de théorique juridique (§ 2.).
§ 1. Une remise en cause politique et idéologique ancienne et récurrente
A. L’argumentation de la remise en cause
La remise en cause politique et idéologique du droit international concerne aussi bien
son existence que ses fondements et son contenu.
Le droit international est parfois contesté dans son existence même. Une partie de ceux
qui contestent l’existence du droit international le font en se fondant sur les liens qu’il
entretient avec la puissance et, par conséquent, avec le politique. Pour ses observateurs, le
droit international n’existe pas parce qu’il ne s’agit que d’un instrument de la politique
internationale aux mains des grandes puissances ; la composition du Conseil de sécurité
symbolisant l’avantage donné à certains Etats sur tous les autres. Par ailleurs, les mêmes
observateurs estiment que droit et politique se confondent sur la scène internationale si bien
qu’il est difficile de distinguer le droit international de la politique internationale, celle-ci
absorbant celui-là dans sa totalité. L’observation de l’attitude des Etats à l’égard du droit
international peut d’ailleurs conforter cette analyse. Ainsi, il n’est pas rare de voir un Etat
contester une norme juridique internationale lorsqu’elle entre en contradiction avec ses
intérêts. A l’époque, pas si lointaine, des grands affrontements idéologiques entre Etats, le
droit international faisait l’objet d’une contestation en règle par la théorie marxiste qui
reprochait au droit international de n’être que la superstructure derrière laquelle se cache les
intérêts des grandes puissances européennes et nord-américaine. Les Etats issus de la
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