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VOILIER DANS DE BEAUX DRAPS
Il est bonne heure. Et le vent vient de s’étendre sur la voile. À
ma longue vue, j’aperçois une île qui n’est pas répertoriée. De
mille en mille elle est perdue, elle aussi.
Je suis le vagabond des mers, le routard de l’océan, le
Lapérouse des mers, bref j’y connais un rayon de sextant et
pourtant… je ne sais pas où je suis… quelle honte !
En fait, je vais risquer l’accostage sur le port naturel de cette
île… mystérieuse. Je n’ai plus de vivre, alors… ! Et à la
dernière bordée, on m’a volé tout mon attirail de pêche…
Je m’approche aussi lentement que possible et une bitte
naturelle va me permettre d’immobiliser mon catamaran
trente-six pieds…
Et me voilà sur la passerelle : la terre ferme devant moi, enfin
une plateforme rocheuse assez conséquente couverte de lianes
et autres végétaux assez étranges d’ailleurs, à l’approche, qui
remonte sérieusement sur trente de mètres de haut chapeauté
d’arbres et à part ça ? Eh bien rien. Je suis bien avancé.
J’aurais dû faire le tour de l’île avant d’accoster à cet endroit.
Si je ne trouve pas d’issu pour explorer plus avant, je ne vois
pas l’intérêt de rester et faire la politique de l’autruche.
Et je ne vois aucun intérêt à écrire ça sur mon journal de bord.
C’est un coup à passer pour un gland.
J’avance quand même vers cette roche assez… hostile.
Pourtant, j’avance comme un aimant et à mon contact, la
végétation accrochée à la paroi… frissonne. Étrange
phénomène.
Et j’entre aperçois dans la roche une fissure comme une
entrée. Je suis attiré. J’écarte feuillages, branchages. Et au
moment où je pénètre, une faible lueur parcours le boyau. Je
ne pratique pas la peur tous les jours et à ce moment, je
ressens que je ne vais pas en ressortir comme un
pressentiment.
Une certaine chaleur s’impose. Mes vêtements sont trempés.
Je respire un peu trop fort mais qui puis-je ? J’avance dans ce