Page 104 - test
P. 104

VOILIER DANS DE BEAUX DRAPS

        Il est bonne heure. Et le vent vient de s’étendre sur la voile. À
        ma longue vue, j’aperçois une île qui n’est pas répertoriée. De
        mille en mille elle est perdue, elle aussi.

        Je   suis   le   vagabond   des   mers,   le   routard   de   l’océan,   le
        Lapérouse des mers, bref j’y connais un rayon de sextant et
        pourtant… je ne sais pas où je suis… quelle honte !

        En fait, je vais risquer l’accostage sur le port naturel de cette
        île…   mystérieuse.   Je   n’ai   plus   de   vivre,   alors… !   Et   à   la
        dernière bordée, on m’a volé tout mon attirail de pêche…

        Je   m’approche   aussi   lentement   que   possible   et   une   bitte
        naturelle   va   me   permettre   d’immobiliser   mon   catamaran
        trente-six pieds…

        Et me voilà sur la passerelle : la terre ferme devant moi, enfin
        une plateforme rocheuse assez conséquente couverte de lianes
        et autres végétaux assez étranges d’ailleurs, à l’approche, qui
        remonte sérieusement sur trente de mètres de haut chapeauté
        d’arbres   et   à   part   ça ?   Eh   bien   rien.   Je   suis   bien   avancé.
        J’aurais dû faire le tour de l’île avant d’accoster à cet endroit.
        Si je ne trouve pas d’issu pour explorer plus avant, je ne vois
        pas l’intérêt de rester et faire la politique de l’autruche.

        Et je ne vois aucun intérêt à écrire ça sur mon journal de bord.
        C’est un coup à passer pour un gland.

        J’avance   quand   même   vers   cette   roche   assez…   hostile.
        Pourtant,   j’avance   comme   un   aimant   et   à   mon   contact,   la
        végétation   accrochée   à   la   paroi…   frissonne.   Étrange
        phénomène.

        Et   j’entre   aperçois   dans   la   roche   une   fissure   comme   une
        entrée.  Je suis attiré. J’écarte feuillages,  branchages.  Et au
        moment où je pénètre, une faible lueur parcours le boyau. Je
        ne  pratique   pas  la   peur   tous   les   jours   et  à   ce  moment,   je
        ressens   que   je   ne   vais   pas   en   ressortir   comme   un
        pressentiment.

        Une certaine chaleur s’impose. Mes vêtements sont trempés.
        Je respire un peu trop fort mais qui puis-je ? J’avance dans ce
   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109