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imprudemment avec le burn-out. Mon entourage hurlait à la thérapie, peut-être pas la cure de sommeil. Il faut voir...
Les sculpteurs de l’histoire de l’art grec couvraient légèrement leurs sculptures féminines a n de célébrer un corps glorieux. À la Renaissance, les éto es picturales vivaient, respiraient, s’exprimaient par elles-mêmes. On pouvait dire que l’apparat signi ait autant que le personnage ou la scène. Le placement du drapé, les creux, les pleins, les ombres, les couleurs, la raideur, la souplesse, le mat, le brillant, le rustique, le délicat, participaient à la manifestation d’un sentiment, d’une ambiance et à la description d’un événement, d’une coutume, etc....
L’œuvre d’art de Christo concernant l’emballage éphémère du Pont- Neuf à Paris ( 1985) était particulière puisqu’il s’agissait d’envelopper une construction a n de générer une ambiance onirique, interactive, à l’intérieur de la promenade de l’ouvrage. J’admirais la noble traîne coulant en cascades le long des escaliers qui permettait d’accéder au Pont-Neuf. Comme on déboîte des poupées russes, je me réjouissais avec une curiosité légèrement teintée d’impatience que le lourd rideau théâtral dévoile un Nouveau Monde inventé par un ami poète. Mais le frimas de l’automne avancé  geait la robe longue fugace et le bruissement du coutil chi onné par le frottement d’une marche lente, ennuyeuse et stupide, s’évanouissait à la lueur des réverbères baroques, dans la nuit frileuse parisienne.
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