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Elle m’attendait, accoudée sur le manteau de la cheminée de sa chambre bleue capitonnée. Les rideaux plissés, épais, anéantissaient la lumière. La jeune femme tourne lascivement son regard vers moi, bien que discourant avec elle-même. Immanente. Bienveillante. Éternelle, pourtant vivante.
Dans un grand silence gris, elle se protège négligemment de ses bras, enroulés comme un châle pudique, autour d’elle. Un frimas bleuté semble l’isoler, et m’interdit de bien la distinguer, malgré mes efforts aveuglés, pour l’appréhender dans son ensemble, l’admirer, l’approcher, la toucher. La voluptueuse tubéreuse, ne dévoilera pas son mystère, comme on mord la chair d’une con serie dégoulinante d’eau-de-vie.
La lueur de sa peau juvénile, scintille comme les étoiles phosphorescentes d’un matin d’été. Les jaunes, des souvenirs de mimosas ruisselants. Sa main arachnéenne, court affolée sur un grand front nu, qui crépite.
Le temps, compagne fugitive et assidue de ma misérable vie, me bouscule, m’entrave. Soudain occupé ailleurs, il s’éloigne.
Me voilà libre mais envoûtée. Le temps s’absente.
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