Page 112 - La mafia des generaux-Hichem Aboud _Classical
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La mafia des généraux

Bab El Oued avec un de ses amis, maître Cherifi Lakhdar.

Une reconversion très provisoire, puisque Hammouda
trouvera la mort quelque temps plus tard dans un accident
de voiture, sur la route Alger-Batna, aux côtés de Naziha,
la fille du colonel Si L' Haouès.

      Un autre cas de radiation qui demeure officiellement
inexplicable, c'est celui du colonel Badreddine, ancien jos·
pecteur général de la Direction de la Sécurité militaire. Fils
d'un vieux militant maghrébin (son père, réfugié en Tuni-
sie, avait activement participé au mouvement nationaliste
tonisien et était l'un des proches compagnons du président
Bourguiba), il s'est engagé très jeune dans l'ALN.
Remarqué par Abdelhafid Boussouf, le fondateur des ser-
vices de renseignements algériens, il fut affecté au MALG,
l'ancêtre de la SM. Il fera toute sa carrière dans ce service
jusqu'au jour où il est mis sur une voie de garage en allant
occuper le poste d'ambassadeur en Tanzanie. Parfaitement
bilingue et maîtrisant à merveille la langue française, il
était la héte noire des officiers chargés de la rédaction du
bulletin de renseignements quotidiens, tant il était pointil-
leux sur les règles de grammaire, l'orthographe et la ponc-
tuation. N'appartenant à aucun clan du pouvoir, il ne
pouvait prétendre au grade de général ou à une fonction
supérieure. Dans un État qui se respecte, c'est à lui qu'au-
rait dû être confiée la direction des services de renseigne~
ments, et nOD pas à une personne qui ne s'est jamais donné
la peine de lire un livre.

      Après une brève interruption, la grande purge reprend
donc entre 1988 et 1990. Un premier groupe d'officiers
anciens maquisards, tous grades confondus, sont admis à
faire valoir leurs droits à la retraite. Beaucoup d'entre eux
ne savent même pas où loger leur famille en quittant leur
logement de fonction. Des lieutenants, des capitaines se
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