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MONDE ARABE                                                                        09


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                                                      Situation des prisonniers sahraouis

                                            LE POLISARIO ALERTE




                                          HUMAN RIGHTS WATCH



                  Le Front Polisario a exprimé sa profonde inquiétude face à la situation épouvantable qui affecte les prisonniers politiques sahraouis
                                 détenus illégalement au Maroc dans des prisons en pleine propagation de la pandémie du COVID-19.

                  e  sont  des  temps  difficiles  pour
                  nous tous, mais pas plus que ceux
            Cqui languissent en détention arbi-
            traire. Comme vous le savez, des dizaines
            de civils sahraouis innocents sont actuelle-
            ment détenus illégalement dans les prisons
            marocaines", lit-on dans une lettre adressée
            par la représentation du Front Polisario au-
            près  de  l'UE,  au  bureau  de  Bruxelles  de
            Human Rights Watch.
            "Victimes de mauvais traitements, de tor-
            ture et de négligence médicale intention-
            nelle,  ces  prisonniers  ne  sont  pas
            seulement à haut risque de tomber grave-
            ment  malades  à  cause  du  COVID-19,  ils
            sont également des cibles faciles pour le
            régime marocain", a ajouté le Front Polisa-
            rio, soulignant qu'"il est donc impératif que
            le Maroc autorise l'accès immédiat à ces
            détenus  par  des  observateurs  indépen-
            dants des droits de l'Homme".
            La lettre a souligné l'appel urgent du Haut-
            Commissaire des Nations Unies aux droits
            de l'Homme, Michelle Bachelet, le 25 mars
            2020, pour la prise des mesures urgentes
            pour protéger la santé et la sécurité des
            personnes en détention et d'autres établis-  le Front dans sa lettre.Se référant aux res-  vent être prises dès maintenant pour dis-  général du Front Polisario,  Brahim Ghali, a
            sements fermés, dans le cadre des efforts  ponsabilités de l'UE vis-à-vis du conflit de  suader les représailles contre les plus vul-  adressé une lettre au secrétaire général des
            globaux  pour  contenir  la  pandémie  de  longue date au Sahara occidental, le Poli-  nérables à COVID-19.  Nations unies, décrivant l’effroyable situa-
            COVID-19.                           sario a indiqué que "l'UE a joué pendant  Les autorités marocaines devraient recevoir  tion qui affecte les prisonniers politiques
            La lettre de la Représentation du Front Po-  trop  longtemps  un  rôle  de  second  plan  un message clair et fort qu'elles ne peuvent  sahraouis  détenus  illégalement  dans  les
            lisario appelé HRW à "inciter le Conseil eu-  dans la recherche d'une solution politique  pas utiliser l'urgence sanitaire actuelle pour  prisons marocaines.
            ropéen  et  la  Commission  à  intervenir  au conflit du Sahara occidental. Mais c'est  exercer des représailles contre les détenus  Il a averti que "l'épidémie de ce virus dan-
            immédiatement pour garantir la sécurité de  un contexte qui peut changer, étant donné  politiques  et  restreindre  davantage  les  gereux et les mesures urgentes requises,
            tous  les  prisonniers  politiques  sahraouis  les  leviers  dont  dispose  l'UE,  y  compris  droits et la dignité du peuple sahraoui", a-  notamment pour éviter les grands rassem-
            dans les prisons marocaines".       l'opportunité d'un nouveau départ avec la  t-on ajouté.                 blements et le surpeuplement, contredisent
            "Au-delà de leur libération immédiate, ces  nouvelle direction de la Commission".  Le 22 mars dernier, alors que la pandémie  totalement la situation dans laquelle ces
            prisonniers ont besoin d'une protection ur-  "Si le défi de parvenir à un règlement poli-  COVID-19  se  propageait  à  travers  le  prisonniers  civils  sont  détenus  dans  des
            gente contre le virus COVID-19", a soutenu  tique juste reste difficile, des mesures peu-  monde, le président sahraoui et secrétaire  prisons marocaines surpeuplées".
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                               La double peine, des mères célibataires



            Le dilemme est terrible : « Mourir du coro-  nous, c’est une double peine. Mon fils n’a  Atlas, cette brune aux yeux clairs, la voix  cette crise nous tombe dessus ! » Début
            navirus  ou  mourir  de  faim.  »  A  choisir,  ni père ni papiers, alors personne ne veut  rauque  et  brisée,  a  fui  sa  famille  pour  mars, lorsque les premiers cas de Covid-19
            Zeyna*  prendrait  forcément  la  première  nous approcher », raconte la jeune femme,  s’épargner la honte d’une grossesse hors  sont détectés au Maroc, le salon de coiffure
            option. Pour cette jeune mère de 29 ans,  qui paraît plus que son âge.  mariage. « Ce n’était pas ma faute », res-  ferme ses portes. Désormais, des policiers
            qui élève seule son fils de 12 ans, le confi-  Claquemurée dans une minuscule chambre  sasse-t-elle, le regard baissé vers le sol.  rôdent  régulièrement  dans  son  quartier
            nement n’est pas envisageable : « Je prends  avec son fils Driss*, Zeyna doit d’ordinaire  Petite bonne à l’âge de 8 ans, elle a été vio-  pour forcer les gens à rentrer chez eux. «
            le risque de tomber malade, pour sauver  affronter le regard pesant des voisins. Dans  lée par son employeur pendant des années  Quand on travaille au jour le jour, on n’a au-
            mon  enfant.  Car  si  je  ne  La honte d’une grossesse  une société où le conser-  : « Je suis tombée enceinte pour la pre-  cune autonomie. On ne vit plus, on survit
            subviens  pas  à  ses  be-                       vatisme religieux reste très  mière fois à 13 ans et j’ai perdu le bébé. J’ai  », tranche Zeyna.
                                        hors mariage
            soins, il est mort. »                            fort, les relations hors ma-  fait une deuxième fausse couche l’année  Depuis, elle s’est résolue à faire des mé-
            Le Maroc, qui n’a pas opté pour un dépis-  riage sont condamnées à la fois par la loi  d’après. » Quand elle rencontre Mohamed  nages chez des particuliers. La peur au ven-
            tage systématique et compte à ce jour 1  et la religion. « J’ai réussi à échapper à la  à l’âge de 16 ans, elle se sent enfin vivre. «  tre, elle brave chaque jour l’interdiction de
            021 cas, a décrété l’état d’urgence sanitaire  prison mais pas à la stigmatisation de la so-  On était très amoureux. Il m’avait promis de  sortie pour se rendre au centre de Casa-
            le 20 mars pour une durée d’un mois. Sans  ciété. Aujourd’hui, j’en paie le prix : l’épicier  demander  ma  main.  »,   blanca.  Sans  autorisation,
                                                                                                          Sortir la peur au ventre
            autorisation dérogatoire signée par un em-  ne veut pas me faire de crédit, ma famille  raconte-t-elle.   Mais          elle risque une peine d’un à
            ployeur officiel, les Marocains ne peuvent  ne veut plus entendre parler de moi et mes  lorsqu’il apprend sa grossesse, Mohamed  trois mois de prison et une amende allant
            plus se rendre au travail. Comme Zeyna,  voisins ne veulent pas garder mon fils. Ils le  ne donne plus signe de vie. « J’ai vécu un  jusqu’à 1 300 dirhams (quelque 117 euros).
            des millions de travailleurs non déclarés ou  surnomment“ould el hram” » (« bâtard »,  cauchemar pendant des années, mais j’ai  « Je prends les transports en commun, je
            exerçant dans le circuit informel se sont  en arabe.                    fini  par  m’en  sortir  »,précise-t-elle  au-  croise des gens sur mon chemin, j’ai peur
            ainsi retrouvés sans revenus du jour au len-  Driss est né dans un petit appartement à  jourd’hui.          qu’il m’arrive quelque chose, car mon fils
            demain.                             Casablanca, loin de l’hôpital et sans état  Grâce  à  l’aide  d’associations,  la  jeune  n’a personne d’autre. En plus, je suis obli-
            « En temps de crise au Maroc, on peut tou-  civil. Zeyna a failli l’abandonner, « plusieurs  maman trouve un emploi « au noir » dans  gée de le laisser seul à la maison. Je crains
            jours s’appuyer sur sa famille. Les voisins  fois », reconnaît-elle les larmes aux yeux.  un  salon  de  coiffure  à  Casablanca.  «  Au  qu’il sorte dans la rue, qu’il approche d’au-
            s’entraident et se prêtent de l’argent. Pour  Originaire d’un village berbère du Haut-  moment  où  je  remontais  enfin  la  pente,  tres enfants », raconte-t-elle, désemparée.
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