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                                                              Procès de Julian Assange


                            DES GILETS JAUNES PRÉSENTS




                         POUR LE DÉBUT DES AUDIENCES



                                                               À LONDRES



                L'extradition ou non du fondateur de WikiLeaks vers les Etats-Unis fait l'objet d'une série d'audiences à la cour de Woolwich à Londres.
                         A cette occasion, des Gilets jaunes ont organisé une nouvelle opération coup de poing. «Free, free Julian Assange !»
                 e message aura résonné comme un
                 mantra ce 24 février devant la prison
            Lde Belmarsh, scandé du petit matin à
            la tombée du jour, sous une pluie battante,
            par quelques centaines de citoyens venus
            apporter leur soutien au fondateur de Wi-
            kiLeaks, pour la première journée d'au-
            diences sur sa potentielle extradition vers
            le sol américain.
            Prévue pour se dérouler en deux semaines
            réparties sur les mois de février et de mai,
            la procédure a débuté dans une salle d'au-
            dience à proximité la prison de haute sécu-
            rité, où le journaliste australien est
            incarcéré depuis 319 jours, et où son état
            de santé s'est dégradé au fil des mois.

             «Assange s'est sacrifié pour nous»

            Détail difficile à rater, nombre des soutiens
            de Julian Assange agglutinés devant le cen-
            tre pénitentiaire avaient enfilé un gilet
            jaune, emblème du mouvement citoyen du
            même nom. Et pour cause : une nouvelle
            opération coup de poing réunissant  derrière de grandes vitres, à l'arrière de la  «traitements inhumains et dégradants» et  Kristinn Hrafnsson, «dix ans plus tard, il n'y
            quelque 150 citoyens français a été organi-  salle. Costume gris sur pull gris, il est bien  d'une peine disproportionnée de 175 ans  a aucune preuve d'un tel préjudice». Et
            sée par l'administratrice du groupe Face-  coiffé  et bien rasé. Son visage impassible,  de prison.         d'ajouter : «Au contraire, un responsable du
            book «Assange l'ultime combat», Corinne,  fermé ne trahit ni fatigue, ni exaspération,                      Pentagone a été forcé d'admettre lors du
            une Gilet jaune de Nancy. Deux cars pleins  ni colère. Il lui arrive de perdre son regard  «Pourquoi ne discutons-nous   procès de Manning en 2013 que personne
            à craquer ont ainsi traversé la Manche du-  au plafond pendant de longues minutes.   pas du mal qui a été révélé   n'avait été blessé physiquement à cause des
            rant la nuit du 23 au 24 février pour l'occa-  Au balcon, ses proches, son père John, son  par WikiLeaks en 2010 et 2011?»  révélations de 2010 et 2011. Et maintenant,
            sion.                               frère Gabriel sont présents. De la salle d'au-                          en 2020, ils sont devant les tribunaux, pas
            Parmi les Français présents sur place, Mar-  dience, difficile pour le fondateur de Wiki-  «Nous devrions parler de crimes de guerre  en mesure de présenter une seule preuve
            tin, Gilet jaune parisien, fait le déplacement  Leaks d'entendre ses soutiens qui  et de meurtres de civils, et non d'espion-  de ce préjudice», a rappelé Hrafnsson à la
            pour la quatrième fois, afin de «sauver  s'égosillent pour lui toute la journée sans  nage contre les Etats-Unis dans cette cour»,  presse. Pour rappel, parmi les documents
            l'honneur».                         aucun répit.                        a déclaré le journaliste et rédacteur en chef  publiés par Wikileaks figurait une vidéo
            «Julian Assange s'est énormément sacrifié                               de WikiLeaks Kristinn Hrafnsson, également  montrant des civils tués par les tirs d'un hé-
            pour nous, pour moi il est évident que c'est  Rédacteur en chef de Wikileaks:  présent pour cette audience à Londres. Il est  licoptère de combat américain en Irak en
            ici qu'il faut être présent. L'Histoire est en  «C'est honteux de devoir défendre  «scandaleux» que Julian Assange soit jugé  juillet 2007, dont deux journalistes de
            train de nous juger en ce moment, la  le journalisme devant un tribunal»  à Londres pour des «affirmations creuses  l'agence Reuters. D'après le rédacteur en
            France n'a pas été à la hauteur», déclare-t-                            des États-Unis» qui n'ont pas changé au  chef de Wikileaks, c'est le sujet principal de
            il au micro de notre reporter.      Alors que la justice britannique examine la  cours des dix dernières années, a déclaré  l'affaire de Julian Assange : «Je suis assis là
                                                demande d'extradition de Julian Assange  Kristinn Hrafnsson, promettant que la dé-  à écouter ces accusations, ces accusations
                 A l'intérieur, une audience    vers les Etats-Unis, sa défense accuse Do-  fense avait des arguments solides pour évi-  subjectives, et à m'interroger : pourquoi ne
                 attendue de longue date        nald Trump de vouloir faire du fondateur  ter l'extradition. «Il n'y a absolument rien de  discutons-nous pas du mal qui a été révélé
                                                de Wikileaks un exemple dans sa «guerre  nouveau qui est présenté ici ce matin par le  par WikiLeaks en 2010 et 2011? Pourquoi
            Dès 8h du matin, des dizaines de journa-  contre les journalistes d'investigation».   Service des poursuites judiciaires au nom  ne parlons-nous pas de crimes de guerre,
            listes du monde entier se sont pressés pour  Dix ans après la diffusion inédite de 700  de la partie américaine», a déclaré le rédac-  de l'assassinat de civils innocents par l'ar-
            un accès à la salle d'audience, ou à défaut,  000 documents classifiés sur les activités  teur en chef de WikiLeaks à une foule de  mée, de journalistes de Reuters massacrés
            à la salle de presse située au sous-sol. Les  militaires et diplomatiques américaines, la  journalistes qui s'étaient rassemblés devant  ?». Mais pour la partie représentant les
            places sont difficiles à obtenir et beaucoup  justice britannique a entamé l'examen - qui  la cour de Woolwich. Selon lui, les avocats  Etats-Unis, «Julian Assange n'est pas un
            sont repartis bredouille.           doit s'étendre jusqu'au mois de juin - de la  représentant les autorités américaines ont  journaliste». S'il est extradé vers les États-
            Au sous-sol, les journalistes prennent des  demande d'extradition de l'Australien de  livré des arguments qui étaient «plus ou  Unis, Julian Assange fait face à des accusa-
            notes devant une projection vidéo de piè-  48 ans, qui a comparu calme, les yeux rivés  moins les mêmes que ceux qu'on entend  tions d'espionnage passibles d'une peine
            tre qualité. Certains se rapprochent des té-  sur son ordinateur portable. Face à la cour  depuis dix ans».Pour sa part, le représentant  de 175 ans de prison. L'avocat du fondateur
            lévisions, quitte à s'asseoir par terre tant le  de Woolwich, son avocat Edward Fitzgerald  des Etats-Unis, James Lewis, a souligné que  de Wikileaks Edward Fitzgerald a rétorqué
            son est inaudible.                  a dénoncé des poursuites motivées par des  le fondateur de Wikileaks «n'est pas inculpé  en qualifiant les accusations américaines de
            Dehors, les slogans des Gilets jaunes sont  raisons politiques, soulignant que l'accord  pour avoir dévoilé des informations embar-  «trompeuses» et assuré que son client me-
            incessants.                         américano-britannique interdit «expressé-  rassantes ou gênantes» mais pour avoir mis  nait des «activités journalistiques». Le ré-
            De la salle de presse, leur tapage est plus  ment» les extraditions pour les infractions  en danger la vie de sources américaines en  dacteur en chef de Wikileaks estime quant
            que perceptible, rendant la tâche d'écoute  politiques.                 publiant, en 2010, 250 000 câbles diploma-  à lui que l'existence même du procès d'ex-
            des plaidoiries plus difficile pour les jour-  Dans une salle d'audience bondée, jouxtant  tiques et 500 000 documents confidentiels  tradition est une honte : «C'est honteux que
            nalistes. Julian Assange est lui au premier  la prison de haute-sécurité où Assange est  portant sur les activités de l'armée améri-  nous devions défendre le journalisme de-
            étage, dans un box entouré de deux agents,  incarcéré, il a mis en avant le risque de  caine en Irak et en Afghanistan. Mais pour  vant un tribunal de ce pays.»
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