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             Jeudi 16 Avril 2020
                                                        Aissaoui, lauréat du prix Booker


                     UNE CONFIRMATION DU POTENTIEL



                 DE L'ÉLITE CULTURELLE ALGÉRIENNE




                La ministre de la Culture, Malika Bendouda a félicité mardi le romancier algérien Abdelouahab Aissaoui, lauréat du prix international
                                       du Roman arabe 2020 "Booker" pour son roman "Eddiwan Il isbarti" (The Spartan Court).
                   ans une publication sur la
                   page Facebook du minis-
            Dtère  de  la  Culture,  Mme
            Bendouda  a  exprimé  "son  im-
            mense  fierté  de  cet  acquis  qui
            confirme la place du roman algé-
            rien".
            Ce prix confirme aussi le fort po-
            tentiel de la jeune élite culturelle
            algérienne et reflète, en outre, la
            place particulière de la culture al-
            gérienne à tous les niveaux, no-
            tamment arabe", a-t-elle affirmé.
            La ministre a mis en avant, dans
            ce sens, le thème du roman qui
            évoque l'un des chapitres de l'his-
            toire  de  l'Algérie,  ce  qui  té-
            moigne,  une  fois  de  plus,
            "l'attachement de la jeunesse al-
            gérienne à l'histoire de son pays".
            "Il s'agit d'un nouvel exploit qui
            vient  s'ajouter  aux  empreintes
            laissées  par  des  créateurs  algé-
            riens lors des manifestations in-
            ternationales",  a  poursuivi  Mme  prises en vue d’endiguer la propa-  comprendre les circonstances de  Tebboune a félicité  le romancier  leurs  travaux,  cette  fois  par  le
            Bendouda. Le roman "The Spartan  gation de la pandémie du Coro-  l'occupation et comment la résis-  algérien    Abdelwahab  Aissaoui,  prestigieux prix international Boo-
            Court" relate la fin de l'ère otto-  navirus.  Aissaoui  recevra,  pour  tance  s’est  constituée  sous  des  laureat  du  prix  international  du  ker"
            mane et le début de la colonisa-  son  œuvre,  édité  par  la  maison  formes diverses".  roman arabe "Booker 2020".   Le président s'est adressé directe-
            tion   française   en   Algérie  d’édition  algérienne  "Dar  Mim",  Né en 1985 à Djelfa, Abdelouahab  Dans un tweet sur sa page offi-  ment au jeune romancier en lui
            (1815-1833)  à  travers  cinq  per-  un montant de 50.000 dollars en  Aissaoui compte plusieurs romans  cielle sur les réseaux sociaux, le  disant  "continue  sur  cette  voie
            sonnages.                    plus  de  la  traduction  de  son                         Président a écrit " à la veille de la  mon fils,  tu me trouveras toujours
                                                                       Le Président Tebboune
            Les noms des lauréats ont été an-  roman en anglais.                                   célébration de la journée du sa-  à tes cotés".  A noter que le jeune
                                                                         félicite le romancier
            noncés  aujourd'hui  sur  la  page  Le chef du jury, Mohcen El-Mous-                   voir,  voila le jeune Abdelwahab  Aissaoui a remporté le prix inter-
            Facebook du Prix suite à l'annula-  saoui a indiqué que le roman se  à son actif, dont "Cinéma Jacob"  Aissaoui de Djelfa  rejoindre les  national Booker 2020 dans sa 13
            tion de la cérémonie de distinc-  caractérise par "une haute qualité  et "Sierra De Muerte".Le président  nombreux écrivains algériens qui  e edition  avec son roman "eddi-
            tion  en  raison  des  précautions  stylistique" et "invite le lecteur à  de  la  République  Abdelmadjid  ont  brillé  de  par  le  monde  par  wan el isbarti".

                                                                           Coronavirus
                           Programmes à l'arrêt, artistes désemparés



            Vivre de son art a de tout temps été un  de cette mise au chômage aussi inattendue  chez  Abdelatif  Aliane,  le  réalisateur  de  résume l'artiste, un brin philosophe.  De
            challenge pour les artistes algériens réduits  que brutale, en plein "haute saison artis-  "Nostalgie de la ville d’Hussein Dey, rue Tri-  fait, le manque à gagner, voire les pertes fi-
            à guetter l’approche du mois du jeûne pour  tique". Pointant du doigt la "gestion ab-  poli, pour qui le confinement va finir par  nancières sont tels que le ministère de la
            espérer décrocher un contrat, une aubaine  surde" des télévisions, toutes obnubilées  anéantir l'activité culturelle, déjà "scléro-  Culture  a  décidé  d'intervenir  par  l'octroi
            devenue encore plus illusoire cette année  par  les  "programmes  Chorba"  (sitcoms,  sée". Seul bémol: la crise sanitaire et la dis-  d'aides "aux artistes dont les activités ont
            où l'activité culturelle est à l'arrêt et la po-  feuilletons jugés comme des produits au  tanciation sociale imposée à tous "est tout  été suspendues" par mesure de confine-
            pulation confinée. Epidémie du Covid-19  rabais par les téléspectateurs qui les dési-  de même propice à l'écriture et à la créa-  ment. Sont concernés, les professionnels de
            oblige. Pour les comédiens et acteurs, la ré-  gnent ainsi par dérision) censés agrémen-  tion", se console ce jeune artiste, à la dou-  l'art,  adhérents  de  l’Office  national  des
            cente suspension des tournages de feuille-  ter les soirées du ramadan, le comédien  ble  casquette  de  documentariste  et  de  droits d’auteurs et droits voisins (ONDA)
            tons, sitcoms et autres tournées artistiques  veut surtout rappeler la condition humi-  poète. Avec des tournées déprogrammées,  ainsi que les artistes affiliés au Conseil na-
            vient s’ajouter à l'irrégularité des contrats,  liante faite à ces artistes: une situation qui  Idriss Benhadid, homme de théâtre et di-  tional des Arts et des Lettres (CNAL). Si elle
            plutôt rares et synonymes, pour eux, de dif-  "met l’artiste à la merci des chaînes privées,  recteur artistique de "Sahra" et "En’Nous-  approuve la décision des pouvoirs publics
            ficultés sociales et financières au quotidien.  alors même que leurs pro-            sour" de Tindouf, est, lui,  de débloquer des subventions aux artistes
                                                                         La "garantie absolue"
            Et la situation des artistes indépendants,  ductions  audiovisuelles  ne             très  pessimiste  pour  son  en difficulté conjoncturelle, Tounes Ait Ali
            tributaires de contrats saisonniers pour tra-  sont soumises à aucune loi...", dénonce-t-  avenir et celui de ses troupes. L'épidémie  ne manque pas de souligner que c'est bien
            vailler et espérer gagner de quoi subsister  il. Amine Boumédiène est du même avis.  du nouveau coronavirus et les bouleverse-  l'absence d'un statut ad hoc qui les a pré-
            le reste de l'année, est encore plus précaire  Inquiet après l'arrêt du tournage de "Dar  ments qu'elle a induits sont tout simple-  carisés et laissés sans protection. Ce statut,
            en ces temps de crise sanitaire et de confi-  Laâdjeb" -une sitcom dont seuls 15 épi-  ment "catastrophiques, économiquement",  les professionnels de l'art le réclament à cor
            nement des populations, contraintes d'ar-  sodes sur les 25 prévus sont bouclés- et ses  se désespère-t-il. Bien que logé à la même  et à cri depuis des lustres. De l'avis de cette
            rêter ou de réduire drastiquement activités  répercussions  sur  l'équipe,  le  comédien  enseigne, Abdelaziz Benzina semble plus  comédienne et metteure en scène de théâ-
            sociales, économiques et culturelles Nabil  s'indigne des rémunérations des artistes.  résigné. Tous les galas et cérémonies où le  tre, une telle réglementation qui devra dé-
            Asli,  un  des  premiers  rôles  du  feuilleton  Des cachets "souvent dérisoires" pour leur  chanteur de Malouf était attendu les pro-  finir la qualité d'artiste, "séparant ainsi le
            "Machaïr 2" -une coproduction algéro-tu-  permettre une "vie décente", sachant que  chaines semaines et mois, autant dire l'es-  bon  grain  de  l'ivraie"  selon  ses  propres
            nisienne interrompue à mi-tournage- fait  la saison pleine se résume, pour eux, à trois  sentiel de son carnet de commandes, ont  termes, "représente en toutes circonstances
            justement partie du lot. Pour lui, les artistes  ou quatre mois d'activité dans l’année, au  été annulés. Mais "en ces temps difficiles, il  une  garantie  absolue"  pour  l’artiste,
            vont pâtir "financièrement et moralement"  mieux,  assène-t-il.  Même  son  de  cloche  faut savoir prendre son mal en patience",  tranche-t-elle.
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