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             Dimanche 19 Janvier 2020

                                                  Mauvaises conditions dans les hôpitaux

                                         LE MINISTRE VEUT UNE



                                         AMÉLIORATION RAPIDE



             Le Ministre de la santé  Abderrahmane Benbouzid a rencontré jeudi dernier les Ccadres de son département. Les débats ont porté essentiel‐
             lement sur la situation des établissements de santé publique.  L’état des lieux fait par les intervenants a fait ressortir une situation qui frôle
                                                                            la catastrophe.

                    Saïd Ibrahim

                 e premier responsable du
                 secteur a en effet demandé
            Lde faire l’audit de ce secteur.
            C’est ainsi qu’une sorte de filmo-
            graphie réelle a été  réalisée pour
            relever les nombreuses carences
            constatées dans c e mêmes sec-
            teur.  A la lumière de l’état des
            lieux, le Ministre a donné des ins-
            tructions fermes pour réaliser une
            réforme rapide. Il veut des chan-
            gements que les usagers des éta-
            blissements de santé publique,
            ressentiront rapidement. Parmi les
            priorités qu’il a relevé, c’est la ges-
            tion des services des urgences. Il
            a mis l’accent sur la nécessité de
            l’introduction de nouveaux méca-
            nismes. La santé en Algérie est ca-
            ractérisée par une gestion
            aléatoire. Les budgets qui lui sont
            alloués sont loin de refléter la vé-
            ritable  situation épidémiolo-
            gique. « Il a fallu plus de 20 ans
            pour que les responsables du sec-
            teur de la santé aient enfin com-
                                         endroits où des femmes sont pra-  Il y’a des établissements de santé  malades », ajoute-t-il.   (EPSP).  On  dénombre  en
            pris que le cancer n’est plus une
                                         tiquement torturées.  « Je devais  dans toutes les wilayas du pays.  Personne ne peut tracer un ta-  moyenne une polyclinique pour
            maladie rare. C’est dans l’urgence
                                         accoucher dans un hôpital de la  Chaque année de nouveaux mé-  bleau idyllique quand il s’agit de  25 000 habitants. Il y a une dispa-
            qu’ils ont décidé de construire de
                                         capitale. Quand je suis entrain  decins sortent des universités.  la situation dans laquelle se re-  rité relevée par le professeur
            nouveaux centre anti-cancer au
                                         dans le service, tous les lits  Malgré tous ses efforts les ma-  trouvent les  établissements de  Grangaud en 2013 : « dans les 10
            sud et dans les régions des hauts
                                         étaient occupés. Comme ma belle  lades sont mal soignés.  santé publique. A qui incombe la  wilayas disposant d’un CHU, on
            plateaux », dit un épidémiologue.
                                         mère a vu des femmes allongées  Les usagers des services de santé  responsabilité de cette décadence  est en présence d’un spécialiste
            Ce dernier qui tient à l’anonymat
                                         sur  des matelas posés à même le  publique en Algérie, ne cesse de  alors ? Les pouvoirs publics ont  pour 1300 habitants, alors que
            revient à la charge : « les études
                                         sol, elle a interpelé mon mari qui  se plaindre des conditions de  consentis des efforts pharao-  dans 38 wilayas sans CHU, il y a
            que nous menons ne sont aps ex-
                                         m’a emmenée dans une clinique  prise en charge. Ils sont très re-  niques depuis l’indépendance du  un spécialiste pour 5400 habi-
            ploitées par les décideurs ». Des
                                         privées », dit un professeur d’his-  montés contre les fonctionnaires  pays. L’Algérie comptait moins de  tants ».
            Praticiens s’avouent souvent dés-
                                         toire dans le secondaire. Les gens  de ce secteur important. « Nos  60 hôpitaux en 1962. Le nombre  Sur le plan des moyens humains,
            armés devant certaines situations.
                                         se plaignent   aussi des ser-  hôpitaux ont fini par devenir de  de médecins était de 1378 dont  le nombre des médecins a atteint
            « Il m’est arrivé de reporter une
                                         vices urgences où certains ont  vrais mouroirs. Les hôpitaux algé-  364 Algériens, et 4834 agents pa-  en  2015 les 80 000  praticiens :
            intervention chirurgicale car le fil
                                         passé plusieurs heures avant  riens, sont les seuls au monde où  ramédicaux pour une population  médecins généralistes, spécia-
            de suture vient à manquer. Nous
                                         d’êtes consultés par un médecin.  les employés n’ont aucun huma-  de 9 millions d’habitants. C’est  listes, chirurgien dentistes et
            n’avons pas toujours les moyens
                                         « J’ai accompagné mon fils alors  nisme. Le personnel médical ne  pourquoi d’ailleurs le système po-  pharmaciens. Les spécialistes sont
            pour exercer notre métier »,
                                         âgé de 4 ans. Il avait une blessure  prend pas le temps d’écouter les  litique avait alors opté pour les  au nombre de 12422 dans le sec-
            avoue un chirurgien dans un
                                         au visage.                   patients qu’il est sensé soigner.  soins de base et la vaccination  teur public et 11001 dans le privé.
            grand hôpital de la capitale. « Si
                                                                      Les anciens infirmiers étaient ap-  gratuite et obligatoire pour les  Ces chiffrent ne prennent pas en
            nous sommes confrontés à de
                                          300 hôpitaux et 80 000 méde-  pelés techniciens supérieurs de la  enfants. Depuis les choses ont si-  compte les professeurs, docents
            telles pénuries dans  la Capitale,
                                         cins en  Algérie : Le secteur de  santé. Les médecins et les infir-  gnificativement évolué. Le secteur  et maitres assistants qui sont des
            quelle  est la situations dans els
                                          la santé moribond pourtant  miers sont alors des techniciens  de la santé publique compte au-  hospitalo-universitaires : ils assu-
            hôpitaux de l’intérieur du pays »,
                                                                      et ils voient les patients comme  jourd’hui 300 hôpitaux dont qua-  rent des soins et la formation des
            ajoute-t-il.
                                         On m’a envoyé vers le service de  des machines à retaper s’ils le  torze      centres  étudiants en sciences médicales.
            Les usagers des hôpitaux se plai-
                                         chirurgie infantile situé à l’autre  peuvent », dit un économiste de  hospitalo-universitaires (CHU).  Avec toutes ces infrastructures, les
            gnent évidement des conditions
                                         bout de l’hôpital. Ensuite j’ai dû  la santé. Il regrette évidemment  Le nombre de lits d'hôpital avait  moyens humains et matériels, l’Al-
            qu’ils rencontrent dans les éta-
                                         aller au service maxillo-facial. On  que la gestion comptable ait pris  atteint 65 000 lits en 2013 dans  gérie peut se projeter dans une
            blissements de santé. Ils estiment
                                         aurait dû prévoir toutes les spé-  le pas sur la santé. « Dans tous les  l'ensemble des structures hospi-  médecine de pointe. Pour attein-
            que la santé des algériens n’est
                                         cialités dans le même service des  pays du monde, les gouverne-  talières de l'Algérie qui sera dotée  dre les objectifs, l’économiste de
            pas importante chez les respon-
                                         urgences », dit un père de famille.  ments tentent de diminuer le  de 90 000 lits d'hôpital supplé-  la santé ne voit qu’une seule voie
            sables du secteur.  Ce sont les ser-
                                         Les dernières recommandations  budgets de la santé car la situa-  mentaires à la fin de l’année 2020,  : « améliorer les conditions de tra-
            vices de gynécologie qui sont le
                                         du Ministre de la santé sont bien  tion économique mondiale est au  pour atteindre une capacité totale  vail et surtout revaloriser les mé-
            plus critiqués. Les femmes gar-
                                         accueillies par les gens que nous  rouge. Dans les pays développés,  de 155 000 lits, ce qui la hissera  decins et les infirmiers. Pour le
            dent souvent de très mauvais
                                         avons abordés. Ils espèrent juste  même si les hôpitaux manquent  au niveau des normes internatio-  moment les médecins algériens
            souvenirs des ces lieux où des
                                         qu’il s’agit là d’un véritable sur-  de moyens, le personnel soignant  nales4. Le pays dispose égale-  sont  comme des missionnaires
            mamans viennent accoucher. Ces
                                         saut et non d’une campagne pour  bien formé, n’oublie pas qu’il est  ment de structures sanitaires de  au service de l’état dans une lo-
            lieux sensées accueillir la vie, sont
                                         endormir les usagers des hôpi-  là pour soulager des être humains  proximité dénoté Etablissement  gique d’intégration sous la férule
            devenues dans certains cas des
                                         taux.                        qui n’ont pas demandé de tomber  public de santé de proximité  du ministère de tutelle ».
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