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Lundi 18 Mai 2020
«Obamagate»
DONALD TRUMP ACCUSE SON
PRÉDÉCESSEUR DANS LE MYTHE
DE LA COLLUSION RUSSE
D'un simple mot, Donald Trump a déclenché une tempête outre-Atlantique, suggérant l'implication de Barack Obama dans la création
du mythe de la collusion russe.
a genèse de l'affaire révélera-t-elle deur de Russie Sergueï Kisliak. Sally Yates,
une histoire d'espionnage d'un oppo- pourtant numéro deux du département de
Lsant politique? Barack Obama a-t-il la Justice, n'avait elle-même «aucune idée
une responsabilité dans la construction et de quoi parlait le président, mais l'a com-
la diffusion du mythe affirmant l'existence pris au cours de la conversation». «Il n'était
d'une collusion entre l'équipe de cam- pas clair pour [Sally] Yates d'où le président
pagne de Donald Trump et la Russie, qui a avait reçu ces informations pour la pre-
empoisonné la présidence du milliardaire mière fois. [Sally] Yates ne se souvenait pas
trois ans durant ? C'est ce que sous-entend de la réponse de [James] Comey à la ques-
avec emphase le locataire de la Maison tion du président sur la façon de traiter [Mi-
Blanche, qui a ouvert les hostilités d'un chael] Flynn. Elle était tellement surprise
tweet laconique le 10 mai : «Obamagate !» par les informations qu'elle entendait
Une attaque qui fait suite à la récente dé- qu'elle avait du mal à les traiter et à écouter
classification de documents montrant qu'à la responsabilité de Barack Obama dans renseignement James Clapper, le vice-pré- la conversation en même temps», est-il en-
aucun moment les agences du renseigne- l'affaire. «Si j'étais sénateur ou député, la sident Joe Biden, la conseillère à la sécurité core indiqué dans le document.
ment n'ont disposé d'une quelconque première personne que je convoquerais nationale Susan Rice, et la vice-procureure
preuve de collusion, mais que le FBI a mal- pour témoigner sur le plus grand crime po- générale Sally Yates. A la fin de cette réu- Procédure de «démasquement»
gré tout choisi de poursuivre son enquête litique et scandale de l'histoire des Etats- nion, lors de laquelle Barack Obama a no-
sur la base d'éléments que l'organisation Unis – de LOIN –, serait l'ancien président tamment demandé à ce que les L'identité d'une personne mise sous sur-
savait peu – voire pas du tout – fiables. [Barack] Obama. Il était au courant de informations dont disposait l'appareil d'Etat veillance aux Etats-Unis est en effet tenue
Cette attaque intervient surtout alors que TOUT», a-t-il ainsi affirmé sur Twitter le 14 concernant la Russie ne soient pas totale- secrète, dans le respect du 4e amendement
le général Michael Flynn, un ancien conseil- mai, demandant au sénateur Lindsay Gra- ment partagées avec l'équipe de Trump, le de la Constitution. Il existe toutefois une
ler de Donald Trump contraint à la démis- ham de passer à l'acte. président américain a souhaité s'entretenir procédure, le «démasquement», qui per-
sion à cause des soupçons du avec Sally Yates et James Comey. C'est à ce met de révéler cette identité aux personnes
renseignement sur sa prétendue proximité Obama au courant de la moment-là qu'il a confié, à la grande sur- qui le demandent, si tant est qu'elles dis-
avec Moscou, a été blanchi par le départe- conversation Flynn/Kisliak prise de Sally Yates, être «au courant des in- posent d'une bonne raison pour cela. Dans
ment américain de la Justice. Le ministère formations concernant [Michael] Flynn». le cas de Michael Flynn, un document que
de la Justice a en effet estimé que le FBI Pour comprendre ce qui pousse le prési- «[Barack] Obama a précisé qu'il n'avait pas vient de déclassifier le nouveau directeur
avait tenté de piéger Michael Flynn, et que dent américain à impliquer son prédéces- d'informations supplémentaires sur le sujet, du renseignement Richard Grenell montre
l'enquête à son encontre n'avait pas «de seur de la sorte, il faut s'intéresser à un mais qu'il cherchait à savoir si la Maison que plusieurs hauts responsables de l'ad-
base légitime». Autant d'éléments qui don- document du FBI déclassifié, dans lequel un Blanche devait traiter [Michael] Flynn diffé- ministration Obama ont requis ce «démas-
nent un crédit certain aux accusations de témoin relate une réunion qui s'est tenue le remment, compte tenu de ces informa- quement», notamment l'ancien
«chasse aux sorcières» dont se dit victime 5 janvier 2017 dans le bureau ovale, une tions», poursuit le document déclassifié. La vice-président Joe Biden. Il faut ici souli-
Donald Trump depuis des mois. Si jusqu'à quinzaine de jours seulement avant l'intro- question est ici de savoir comment Barack gner que le nom de Barack Obama n'appa-
présent les services du renseignement se nisation de Donald Trump. Y participaient Obama était au courant de la mise sur raît pas dans cette liste, et qu'il n'aurait
trouvaient au premier rang du banc des ac- le directeur du FBI James Comey, le direc- écoute du général Flynn par le FBI, et de la donc pas dû être au courant de cette infor-
cusés, le chef d'Etat pointe donc désormais teur de la CIA John Brennan, le directeur du conversation de ce dernier avec l'ambassa- mation.
Donald Trump tance la «gauche radicale»
qui contrôlerait selon lui les grandes plateformes web
Alors que plusieurs plateformes en ligne ont ter et Google». «La gauche radicale com- de différentes plateformes, Donald Trump terme au biais supposé «anti-conservateurs»
drastiquement renforcé leur politique de mande et contrôle totalement Facebook, fait valoir le droit à la liberté d'expression des réseaux sociaux, sans que celui-ci n'ait
modération des contenus, le président amé- Instagram, Twitter et Google. L'administra- pour les défendre. «Tellement surpris de voir abouti. «Les géants des réseaux sociaux ré-
ricain a tancé la «gauche radicale», qui serait, tion [Trump] s'efforce de remédier à cette si- des penseurs conservateurs comme James duisent au silence des millions de gens»,
selon lui, à la tête de «Facebook, Instagram, tuation illégale. Restez à l'écoute et envoyez Woods banni de Twitter et Paul Watson s'était également indigné Donald Trump
Twitter et Google». Dans un tweet du 16 mai, des noms et des incidents», a twitté le pré- banni de Facebook !», avait-il notamment l'année précédente. Depuis, Facebook,
le président américain a déclaré vouloir agir sident américain en twitté en 2019. «Je contre lequel les accusations de censure se
Les géants des réseaux sociaux
contre la «gauche radicale» qui contrôlerait joignant la vidéo de continue de surveiller multiplient, a notamment mis en place un
réduisent au silence des millions
selon lui plusieurs réseaux sociaux et plate- Michelle Malkin qui, la censure de citoyens comité «indépendant» destiné à contrôler sa
de gens
formes web. Réagissant à un contenu vidéo ironie du sort, a été américains sur les pla- politique de modération et éventuellement
de Michelle Malkin – une blogueuse améri- censurée plus tard par le réseau social. La teformes de réseaux sociaux. Ce sont les à annuler ses décisions. Or, aussitôt mise en
caine de droite qui se plaignait d'une cen- gauche radicale commande et contrôle to- Etats-Unis d'Amérique et nous avons ce place, cette «cour suprême» a soulevé moult
sure de plus en plus drastique des contenus talement Facebook, Instagram, Twitter et qu'on appelle la liberté d'expression ! Nous interrogations sur le choix de ses membres,
politiques sur les réseaux sociaux –, le prési- Google Ce n'est pas la première fois que le continuons de suivre et surveiller de près [la plusieurs d'entre eux étant ouvertement
dent américain a évoqué une «situation illé- président américain monte au créneau situation] !», écrivait-il le même jour. Selon hostiles au président américain, tandis que
gale» provoquée par la politique de contre les réseaux sociaux. Depuis 2018, et Politico, la Maison Blanche aurait même d'autres étaient liés au controversé milliar-
modération de «Facebook, Instagram, Twit- le bannissement de plusieurs de ses soutiens planché sur un décret visant à mettre un daire «philanthrope» Georges Soros.