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16 CULTURE
Mercredi 29 Avril 2020
Ramadhan
DES ACTIVITÉS ARTISTIQUES
SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX (ONCI)
L’Office national de la culture et de l’information (ONCI) a étoffé ses activités culturelles et artistiques via les plateformes des réseaux
sociaux, pour accompagner les familles algériennes durant les soirées du mois sacré de Ramadhan, en cette période de confinement instauré
pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus (Covid-19), a indiqué un communiqué de l’office.
’ONCI assurera, quotidiennement,
une diffusion exclusive de sélections
Lde représentations et de concerts
d’artistes algériens qui ont brillé dans dif-
férents styles de notre patrimoine musical,
outre des représentations éducatives et de
distraction pour les enfants, ajoute-t-on de
même source.
Ce programme de diffusion vise à établir
des passerelles entre l’artiste et son public
dans un monde virtuel, à travers un rendez-
vous quotidien pour la diffusion de soirées
artistiques et un rendez-vous hebdoma-
daire durant l’après-midi pour les enfants
sur les espaces numériques officiels de l’of-
fice, à savoir : YouTube, la page officielle sur
Facebook ainsi que les comptes officiels sur
Twitter et Instagram, conformément au
programme suivant: La première semaine
lundi 27 avril en cours (groupe el Ferda de
Bechar), Mardi (Kamel Bourdib, Aziouez
Raïs), mercredi (Mohamed Rouane et Selma
Kouiret), jeudi 30 avril (les groupes Tikou-
baouine et Imzad ainsi que Badi Lalla).
Vallée du M’Zab
Un exemple de gestion urbanistique et d’équilibre social
Le professeur Brahim Benyoucef a animé, ciété traditionnelle jusqu’aux Etats-nations. cule choisi et s’étend vers le bas. En second ties sur deux modèles, le premier qui sur-
jeudi dernier, une seconde conférence en Ce retour vers le passé pourrait, ajoute-t- lieu, les mozabites déterminent le lieu du plombe la cité avec son minaret et un se-
ligne dans le cadre du programme «En il, nous éclairer sur plusieurs phénomènes cimetière qui est à la limite du territoire cond édifié à la périphérie de la ville qui
confinement, le patrimoine s’invite» du mi- sociaux, notamment la violence sociale constructible et de la palmeraie et des est une salle de prière ouverte aux voya-
nistère de la Culture. que connaît notre société actuelle, cela terres agricoles. De cette façon, les habita- geurs et aux habitants.
Après avoir abordé la question du patri- nous permettra de reprendre le contrôle tions ne peuvent pas empiéter sur les Ces lieux de culte servent également à ac-
moine en temps de crise sanitaire, Benyou- de toutes ses situations. Benyoucef déclare terres agricoles qui sont la source écono- compagner les voyageurs lors de leurs dé-
cef a choisi cette fois de parler d’un «il est important de voir le patrimoine, non mique de la ville. Si la nécessité exige d’au- parts en effectuant la prière de l’adieu et
patrimoine architectural du moins excep- comme un phénomène momifié sous tres habitations, celles-ci seront édifiées ils servent à les accueillir lors de leur retour
tionnel, de par une approche urbanistique, verre, mais comme des graines qui peu- sur un autre site, créant une nouvelle cité. de voyage.
ou bien d’un côté sociologique. Il s’agit de vent germer et donner naissance à des so- L’autre particularité est l’édification du bâti Le troisième point abordé par le conféren-
la vallée du M’Zab classée au patrimoine lutions viables à des problèmes sur la mase rocheuse pour sauvegarder le cier est celui de la gestion de l’eau. Cet élé-
universel de l’Unesco. socioéconomiques modernes». Tout territoire végétal. Benyoucef explique éga- ment vital est gérer dans la vallée du
Brahim Benyoucef est natif d’El-Atteuf d’abord le professeur Benyoucef explique lement que chaque construction est d’of- M’Zab par des systèmes ingénieux qui per-
dans la wilaya de Ghardaïa. Il est profes- la situation géographique de la vallée du fice associée à une parcelle de terre mettent à la fois son stockage et sa répar-
seur et expert consultant en urbanisme et M’Zab, déclarant qu’elle est édifiée dans un agricole et de palmeraie, ce qui confère tition équitable sur l’ensemble de la
en sciences sociales. Il est notamment l’au- milieu hostile. Ensuite, il aux habitants, d’une population. Mais, déplore le professeur Be-
Le génie d’une architecture
teur du livre «Valée du M’zab, regard d’ur- propose une lecture large part, un logement et, nyoucef, depuis quelques années, la vallée
banisme et de sociologie» publié en 2019 de la vallée, en expliquant sa situation glo- d’autre part, une source de subsistance par du M’Zab est défigurée par des construc-
aux éditions de l’Observatoire espace et bale. Il donne une vue d’ensemble sur la si- l’agriculture. tions anarchiques qui s’étendent au-delà
société. Dans sa précédente conférence, le tuation des cités principales de la vallée, A l’intérieur des cités, ajoute le conféren- des limites des cités.
professeur Benyoucef a évoqué l’impérati- c’est-à-dire Ghardaïa, Beni Isguen, Melika, cier, les habitations répondent toutes à un Il est impératif, déclare-t-il, de revenir au
vité de revenir à l’urbanisme oasien ou Bounoura et El-Atteuf, ajoutées à ces cités seul modèle qui assure une équité entre plan d’urbanisation initiale qui respecte, à
cités jardin, pour ce que ce genre d’urba- Berriane et El-Guerrara qui sont dans une habitant et une préservation de l’intimité la fois, l’homme et sa culture mais aussi la
nisme offre comme avantages et conforts situation similaire à celle de ces cinq villes de chaque famille. L’architecture mozabite nature qui est source de bien-être et de
à une activité humaine et sociale dans le énoncées. répond également à des soucis de bien subsistance. Le professeur Brahim Benyou-
respect de l’environnement naturel. La val- Ces villes, explique-t-il, sont bâtis à des in- être offrant à chaque citoyen l’accès à la lu- cef, déclare que le retour à ce patrimoine
lée du M’Zab constitue un des exemples tervalles réguliers, en suivant un cours mière par le haut et à l’air. Il est strictement ancestral peut s’avérer d’un bénéfice capi-
les plus édifiants de ce genre d’urbanisa- d’eau dont elles puisent la vie. Les villes, interdit de bâtir sa maison de façon à tal pour le développement social et éco-
tion. A la fois les cités de la vallée offrent ajoute-t-il, sont construites de manière à gêner l’accès de la lumière ou la circulation nomique. Par cette diversité culturelle
une solution au souci de l’habitat, mais éviter une agglomération compacte et de l’air. propre à chaque société, nous pouvons
aussi une gestion socioéconomique équi- continue, mais qui se retrouvent dans un L’unicité des bâtissent permet également échapper au nivellement culturel imposé
table des ressources naturelles que sont les domaine plus grand qui fait leur unité. de briser les différences sociales dans un par une économie basée par la consom-
terres arables, l’eau et les palmeraies. Be- Chaque ville, explique Beneyoucef, est souci d’unicité et d’équité. D’autres aspects mation. Le patrimoine est une force au
nyoucef déclare qu’il est nécessaire de re- bâtie en respectant un seuil urbanistique. sont évoqués par le conférencier, notam- profit de l’économie locale, notamment
venir au passer et tenter de comprendre La ville prend départ autour de la mosquée ment la vie religieuse expliquant que les par le tourisme et l’activité agraire et arti-
l’évolution de nos sociétés, depuis la so- qui est construite tout en haut du monti- mosquées de la vallée du M’Zab sont bâ- sanale, souligne Benyoucef.