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6 REGIONS
Lundi 02 Septembre 2019
Tlemcen
LES FÊTES POPULAIRES OU “WAADATE”,
SOURCE D’UNE GRANDE ANIMATION
Les fêtes populaires “waadate”, organisées en grand nombre en cette fin de mois d’août à travers le territoire de la wilaya de Tlemcen, sont
une importante source d’animation en cette période estivale qui enregistre une affluence touristique inédite. En effet, les célébrations des
“waadate” ou “maouassim” sont des traditions bien ancrées dans diverses régions de la wilaya, qui organisent chaque année ces festivités
symbolisant la fin de la campagne moisson‐battage et un rendez‐vous incontournable pour les habitants d’une région ou les membres d’une
même tribu qui partagent, deux jours durant ou plus, des moments conviviaux en famille et entre amis.
es fêtes populaires sont organisées,
explique El Hadj Kouider, un habitué
Cdes “waadate” dans la région de
Sebdou, pour également marquer l’anni-
versaire du saint patron de chaque région.
Pour les Ouled N’har, la waada porte le
nom du saint patron de cette tribu, en l’oc-
currence Sidi Yahia. Pour les Beni Ournid
c’est Sidi Afif, Sidi Tahar pour les Ouled Ou-
riache, Moulay Cheikh Tayeb pour Ouled
Mimoun, et c’est aussi valable pour les Beni
Ouazane, Beni Ouassine, Beni Smaïl et le
reste des régions de Tlemcen.
Les waadate, ajoute la même source, sont
souvent organisées sur des terrains proches
du mausolée du saint de la tribu qui enre-
gistre, à l’occasion, une grande affluence.
Sur place, ainsi que sous les grandes khei-
mas dressées à l’occasion, des lectures du
saint Coran sont organisées. Le moment est
opportun aussi pour réconcilier les per-
sonnes ou les familles qui ont des diffé-
rends, le tout autour d’un couscous préparé
par les femmes de la tribu. Le couscous est
également préparé pour tous les visiteurs
qui affluent à la “waada”, qu’ils soient de la
région ou d’autres wilayas du pays. La res-
tauration est assurée pour tous comme familles de tribus différentes sont réglés et, fin de campagne de moisson, un dîner re- tire aussi les chasseurs de photographies.
pour afficher le degré de générosité et de pour ce faire, la réconciliation ainsi que la groupant les membres de chaque tribu Des photographes qui viennent de partout
propagation de la paix figurent parmi les ainsi que des invités. Lors de ces rencon- tentent d’immortaliser l’évènement.
partage qui caractérise ces régions.
grandes valeurs prônées par l’Islam. Elles tres, plusieurs questions sont abordées no- Pour Abdelkader, Zoheir, Nacer, qui vien-
Cheikh Boumechra Mohamed, professeur
en théologie à Dar el Hadith de Tlemcen, a sont également une occasion de rendre tamment sociales comme les divorces, les nent respectivement d’Alger, Boussaada et
souligné que ces maouassim constituent hommage aux saints et ancêtres des tribus mariages et l’héritage. Tiaret, comme pour les nombreux photo-
une occasion propice pour renforcer “les pour leur vie exemplaire et pour tout ce Partant de ce fait, a-t-elle ajouté, les waa- graphes amateurs et professionnels pré-
liens sociaux et la solidarité entre les mem- qu’ils ont accompli au service des leurs. date sont devenues “l’un des plus grands sents, “la course de chevaux est
bres d’une même tribu ou région ce qui va Pour sa part, l’universitaire Saliha Sali, cher- évènements festifs auxquels sont associés impressionnante”.
de pair avec la religion musulmane qui in- cheuse au Centre de recherche en anthro- d’autres éléments du patrimoine populaire “Cela fait des années qu’on prend des pho-
cite les gens à s’unir”. pologie sociale et culturelle d’Oran qui forment les fondements essentiels de tographies de fantasia et on ne s’en lasse
Il a ajouté que lors de ces “waadate” de (CRASC), a indiqué que les “waadate” sont la culture populaire”. pas. On est tellement heureux de constater
nombreux conflits ou différends entre les organisées pour perpétuer la tradition de cette communion entre le cavalier et son
membres d’une même tribu ou entre des l’ancêtre de la tribu qui organisait, chaque La fantasia...aspect majeur cheval”, ont-ils expliqué. Et de relever :
“Notre pays recèle un patrimoine extraor-
des “waadate”
dinaire”. La “waada” représente aussi une
En plus de son aspect religieux et tradition- occasion pour les amoureux du folklore de
nel, la “waada” compte en outre des as- danser sur le rythme du bendir, du gallal et
pects relevant du patrimoine national tels de la gasba. Des musiciens, affluant de par-
que la cavalerie traditionnelle. Cette der- tout, improvisent des morceaux folklo-
nière constitue sans nul doute l’un des as- riques, jusqu’à des heures tardives de la
pects les plus marquants de ces festivités. nuit. Les adeptes des danses “aalaoui”, “saf”
En groupe de cinq et plus, les troupes de et “dara” se régalent entre amis et familles
cavaliers, appelées localement “Aalfa”, qui pendant de longs moments.
représentent souvent des régions et des tri- Ces fêtes constituent également une au-
bus différentes, offrent des spectacles baine pour les commerçants ambulants qui
époustouflants marqués par la vitalité et organisent, pour l’occasion, un grand mar-
l’ardeur tant du cavalier que du cheval, et ché à ciel ouvert. Différents produits artisa-
chaque troupe consent le maximum d’ef- naux, fruits et légumes, habits et
forts pour être à la hauteur de l’évènement. médicaments traditionnels sont proposés
Le but étant d’effectuer des chevauchées aux nombreux présents.
collectives et de terminer la course avec Ces “waadate” ou fêtes populaires repré-
une détonation synchronisée du baroud. sentent un pan entier du patrimoine maté-
Chaque troupe porte une tenue tradition- riel et immatériel de la région et du pays
nelle constituée de chechia ou mdal (cha- qu’il faut impérativement sauvegarder et
peau traditionnel) en plus des khoff (bottes pourquoi pas développer, a souligné Ali, un
traditionnelles) en sus de djellaba ou bur- artiste de Tlemcen très attaché aux tradi-
nous de diverses couleurs. Ce spectacle at- tions et au patrimoine national.