Page 21 - Vivavignon
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Il a ce qu’on appelle “une gueule de cinéma”, Najim Barika. Barbe savamment taillée, Ray-ban aviateur, sourire ultra-brite, sapé comme jamais, le presque quadra a tous les atouts pour figurer au générique d’une série US. Dis comme ça, on
pourrait croire à une boutade, mais la force de Najim, c’est de penser que tout est toujours possible. Lui qui pioche tous les jours une petite citation dans un livre qui l’accompagne pourrait faire sienne celle-ci : « Crois en tes rêves et ils se réaliseront peut-être. Crois en toi et ils se réaliseront sûrement. »
Un fil conducteur qui l’alimente depuis son plus jeune âge, lorsque, enfant des tours Joffre du Pontet, il débarque minot à la Croix des Oiseaux à Avignon. On est en 1983, François Mitterrand vient d’être élu président de la République. Avignon, qui ne fait rien comme tout le monde, dit au revoir au socialiste Henri Duffaut après vingt-cinq ans de mandat et donne les clés de la ville au RPR Jean-Pierre Roux.
A cette époque, malgré son joli nom, le quartier avignonnais a plus tendance à couper les ailes de ses habitants qu’à leur offrir un avenir radieux. Pourtant, le Najim d’aujourd’hui s’en souvient avec la tendresse de ceux qui ont réussi à le quitter. « On était très mélangé culturellement parlant. Y avait de tout, des asiats, des blacks, des rebeus, des français de souche. Une vraie pub Benetton ce quartier ! »
« On était très mélangés culturellement parlant. Y avait de tout, des asiats, des blacks, des rebeus, des français de souche. Une vraie pub Benetton ce quartier ! »
C’est ici que Najim découvre la musique. A la MJC de la Croix des Oiseaux, il apprend la MAO (musique assistée par ordinateur), apprivoise les samples et les mix. « Ça m’a ouvert l’esprit. J’étais un gamin capricieux qui voulait toujours plus... La musique à la MJC est devenue une vraie passion, je
Najim, enfant d’Avignon dans les années 80 et en 1993.
ne vivais plus que pour ça. »
Autodidacte en musique, cette forme d’apprentissage guidera tout le reste de sa vie, comme un pied de nez à l’Education nationale. L’école de l’envie, l’école de la vie, c’est là que Najim fait ses armes. Avec succès. En 1994, Najim participe à “Cité en scène”, un tremplin musical grâce auquel il décroche un atelier d’écriture à Marseille avec MC Solaar et IAM. « En fait, ils m’ont appris qu’ils n’avaient rien à m’apprendre. Que j’avais en moi la capacité de réaliser mes rêves, de prendre ma vie en mains. » Après un emploi jeunes à la MJC en 1999 où il forme d’autres gamins à la musique, la chance lui sourit à
En 1999, dans le studio de la MJC de la Croix des Oiseaux.
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LE PORTRAIT


































































































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