Page 31 - Livre Kreitman-Ledermann nov 2019
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Juste après la guerre, rien n’était plus pareil.
Doudi n’était plus là, Éva non plus. La famille vivait à Moleenbek, encore cachée.
De retour à Anvers, j’allais voir maman, dans l’après-midi, chez Esther. Et je la trouvais là, dans la cuisine, dans son coin, en train d’éplucher des pommes de terre... Souvenirs difficiles...
Esther n’était non plus la même. Elle était dure, aigrie... Peut-être en voulait-elle indirectement à maman, car sans Éva, Doudi ne serait peut-être pas parti...
Bien des années plus tard, après le souper, Dollyke était l’artiste... elle se mettait au piano et jouait les chansons qu’elle avait entendues.“
Les enfants et les petits-enfants de maman portent un peu d’elle en eux. Ils ont tous hérité de son amour pour Israël.
Sura-Rywka et Esther
“Je trouve que ce que dit Sami est tellement juste...
Je pense que ma maman n’a pas été reconnue pour ce qu’elle était, elle n’a pas eu la place qu’elle méritait.
Avant la guerre, je me souviens que tous les vendredis soir, alors que Deddy ne vivait déjà plus, maman, Leah et moi nous allions toutes chez Esther, après le repas. Tard le soir, vers 23 heures, 23 heures trente Esther nous apportait du herring, du hareng mariné et du gefilte fish... Elle mettait aussi devant nous non pas des cacahouètes mais des pois chiches qu’elle cuisait avec du sel. ..
Sura-Rywka, à Antwerpen, avant la guerre.
“Photo tirée du livre d’Ephraïm Schmidt, “L’histoire des Juifs à Anvers“ avec cette légende :
“Une ‘Yiddiche Mama’ au cours de ‘Tashlech’ , la prière de Rosh HaShana, près du lac du ‘parc de la ville’“ .