Page 48 - Le Japon avril 2019
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Une certaine image du Japon
Vu par les auteurs
Et parmi eux, Richard Flanagan dans «La route étroite vers le nord lointain»,
inspirée par l’histoire de son père, prisonnier de guerre des Japonais et qui raconte la construction de la Voie Ferrée de la Mort, depuis Bangkok jusqu’à la Birmanie, tragédie méconnue de la seconde guerre mondiale.
Le titre fait référence au titre de l’oeuvre principale de Basho, poète japonais du XVIIè siècle.
Ou Akira Yoshimura dans»Le Convoi de l’Eau»,
«Au fond d’une vallée entourée des hautes montagnes japonaises est blotti un hameau oublié redécouvert à la fin de la seconde guerre mondiale lors du crash d'un bombardier américain. Une équipe d'ouvriers y est envoyé pour construire un barrage hydroélectrique qui devrait inonder la vallée et faire disparaître le village. Lorsque les travaux commencent, pans de montagnes détruits à l'explosif, les ouvriers se rendent comptent stupéfaits que les villageois, aux mœurs étranges, tentent de reconstruire leur environnement...»
Le livre se termine par le départ forcé de ces villageois qui emportent les cercueils , «une succession de petites boîtes blanches à ossements»...
« J’ai trouvé la tour de guet au milieu des taillis.
J’ai gravi les échelons en respirant avec difficulté. Arrivé au sommet, je me suis appuyé à la rambarde pour retrouver mon souffle. J’étais si fatigué que je voyais flou.
J’ai levé la tête, étiré mon regard en direction du pied de la montagne. La perspective était bien dégagée, je voyais les crêtes dénudées se chevaucher à l’infini.
J’ai concentré mon regard. Mais dans mon champ visuel, il n’y avait pas trace de la coulée blanche. Se trouvait-elle derrière une crête ? avançait-elle dans la forêt ? Désorienté, j’ai regardé un peu partout, à la recherche de quelque chose de blanc. Mais nulle part je n’ai trouvé quoi que ce soit qui y ressemble.
Soudain, je ne sais pourquoi, je me suis retourné.
Instantanément, mon corps s’est durci.
Je distinguais nettement le flot blanc. La procession ne se dirigeait pas vers le monde civilisé, elle s’enfonçait davantage dans les profondeurs de la montagne. Sur les sommets, la neige arrivait jusqu’à elle, étincelant tout autour. Et elle s’y enfonçait, comme aspirée par sa blancheur. »
En 2012, Dominique A s'est inspiré de ce roman dans l'album Vers les lueurs pour le douzième titre: "Le Convoi"


































































































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