Page 24 - Epitre a la PRosperite (Alexandre Telfort)
P. 24
transmet à l’autre la gloire du passé et l’impuissance du présent.
Et le pays vit dans un passé de « Perle des Antilles » qui n’en finit
pas. Chaque génération trouve toujours une excuse pour son
échec, pour ne pas dialoguer ; pour ne pas s’entendre sur une
destinée nationale. Jamais un pays n’a eu autant d’insouciants,
sans honte et sans dignité.
Je tâcherai de ne pas être trop long dans cette correspondance ;
parce que je sais qu’à votre époque, même avec l’amour de la
lecture, le temps est devenu tellement précieux que vous ne m’en
accorderez que très peu. Ceux d’entre vous qui me liront le feront
sans doute par courage, sans peur de regarder en face les temps
de la honte. Quoi qu’il en soit, dans ce grand vacarme, on ne
m’entendra pas. En fait, on ne s’écoute pas, on se crie dessus, on
déblatère, on vitupère, on s’agresse mais on ne s’écoute pas. Tout
le monde veut qu’on l’écoute quand personne ne veut écouter. Je
m’adonne volontiers à l’espérance que mon cri d’amour trouvera
son écho dans des oreilles plus humaines, plus citoyennes…: les
vôtres. En retour, je vous promets de protéger la sainteté de votre
esprit.
EPITRE A LA POSTERITE, par Alexandre TELFORT Fils