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Histoire maritime et archéologie subaquatique
Une exposition sur une épave
à Baie-Comeau
Texte : Rédaction et propos recueillis par Nancy Chouinard, avec la collaboration de Marc-André Bernier, chef de l’équipe d’archéologie subaquatique de Parcs Canada
Photos : Marc-André Bernier, Michel Élie, R. James Ringer et Peter Waddell
Cet été, la Société historique de Baie-Comeau tiendra une exposition qui commémore les 20 ans de la  n des fouilles du navire Elizabeth and Mary de la  otte de Sir William Phips, épave découverte en 1994 à Baie-Trinité
Cet qui a fait naufrage... en 1690. Rien de moins!
ette exposition aux pièces agent du ministère de la Culture et des Communica- variées abordera la bataille tions attaché à la région administrative de la Côte- de Québec, le naufrage de Nord, a également été contacté pour l’obtention la flotte, la découverte de des permis d’interventions archéologiques et pour l’épave et les fouilles qui ont coordonner les activités.
suivi, l’archéologie subaqua-
tique, la législation en la matière et la préservation L’état de l’épave au moment de la découverte des vestiges. Des conférences seront offertes
durant l’été à ces sujets. Voici un résumé de l’his-
toire de cette épave qui a participé à un événement
important dans l’histoire de la Nouvelle-France et
qui a donné son nom à un lieu historique national
du Canada1.
La découverte de l’épave
L’épave a été découverte le 24 décembre 1994 par Marc Tremblay, un plongeur de Baie-Comeau, devant son chalet de l’anse aux Bouleaux, à Baie-Trinité. Alors qu’il s’apprêtait à retirer le tangon d’amarrage de son embarcation, il a aperçu, dans une étendue de pierres, des pièces de bois, des marmites, des fusils... Tout semblait indiquer que l’épave aurait été ensablée depuis longtemps, ce qui explique qu’elle n’avait jamais été vue par les plongeurs du secteur.
Après avoir contacté Marc-André Bernier en tant qu’archéologue de Parcs Canada à Ottawa, Marc est retourné sur le site de l’épave avec Ange-Al- bert Gauthier, un autre plongeur, a n de prendre des images vidéo des vestiges, qu’ils ont expédiées aussitôt à Ottawa.
Marc-André s’est rendu sur place, en janvier 1995, pour y effectuer une intervention d’urgence en com- pagnie des plongeurs Marc Tremblay, Ange-Albert Gauthier et Patrice Deschênes. L’intervention, qui a duré deux jours, avait deux objectifs : protéger les éléments les plus vulnérables du site, puis tenter d’identi er et de dater l’épave. Jean-René Breton,
L’épave gisait à une profondeur de moins de 2 m (5 à 6 pi) à marée basse. Les tempêtes de l’automne 1994 auraient déplacé les fonds de sable et l’au- raient mise partiellement à nu. Les premiers objets découverts et associés à l’épave permettaient de croire qu’il s’agissait d’un bateau datant de la  n du 17e siècle ou du début du siècle suivant.
L’épave était particulièrement menacée puisqu’elle était située en eaux peu profondes et que le site était soumis à une érosion continuelle à cause du mouvement des fonds marins. Mais les glaces constituaient le plus grave danger. Leur retrait, chaque printemps, risquait en effet de charrier d’importantes portions du site.
C’est au cours des étés 1996 et 1997 que des fouilles ont été menées sur des vestiges. À pre- mière vue, le site archéologique mesurait environ 10 m sur 4 m (33 pi sur 13 pi). L’épave reposait sur un fond de sable et de galets. Plusieurs objets étaient visibles en surface : marmites, fusils, haches, bou- teilles, briques, etc., mais la plupart étaient enfouis sous les sédiments. Tous les objets découverts ont été prélevés lors des deux campagnes de fouilles. Des membrures et des bordés du navire étaient également visibles et ont aussi été remontés pour être réenfouis dans un endroit sécuritaire. Entre les saisons, des sacs de sable ont été déposés sur les parties que le mouvement des glaces risquait d’arracher ou d’affecter. Ces fouilles ont totalisé plus de 1835 heures de pongée, ce qui représente 229 jours de travail de 8 heures.
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1 Cet article a été reproduit et adapté du site web du Centre de conservation du Québec, avec l’aimable autorisation d’André Bergeron : Le projet Phips : le sauvetage archéologique de l’épave d’un vaisseau de la  otte de Sir William Phips (1690).
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