Page 95 - Rebelle-Santé n° 201
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urgences
BIEN RÉAGIR DEVANT UNE
INTOXICATION MÉDICAMENTEUSE
Accidentelle lors de la prise de son traitement, ou volontaire, dans le cadre d’une tentative de suicide, l’intoxication médicamenteuse nécessite au minimum un avis médical.
L’intoxication médi­ camenteuse	(IM) accidentelle corres­
pond à une erreur de prise	médicamenteuse qu’il faut bien distinguer du surdosage, dans le­ quel le médicament est le bon, mais pris à dose trop importante. Dans l’IM accidentelle, la quantité de médicament est sou­ vent minime et les consé­ quences, modérées. At­ tention toutefois à cer­ taines classes pharma­ cologiques, comme les digitaliques (toxicité car­ diaque) ou les anticoa­ gulants (risque hémor­ ragique). En revanche, en cas d’IM à visée sui­ cidaire, l’ingestion se compte en plusieurs pla­ quettes, voire en l’association de plusieurs médicaments rendant l’IM problématique, menant par­ fois au coma et/ou au décès.
Des sIgnes InQuIÉTAnTs
Si l’IM accidentelle est généra­ lement bénigne, l’IM volontaire débouche souvent sur des troubles de la conscience (psychotropes). Lorsque la personne est incons­ ciente, il faut la placer en position latérale de sécurité (PLS), autre­ ment dit sur le côté gauche, la tête bien en arrière pour qu’elle respire correctement.
ne PAs FAIre VOMIr...
Faire vomir un patient somnolent ou, pire, inconscient est formel­ lement déconseillé du fait des risques d’inhalation (passage du contenu de l’estomac dans les
bronches). Les vomissements sont également contre­indiqués lorsque que la substance ingérée corres­ pond à un irritant ou à un caus­ tique quelconque (eau de Javel, déboucheur liquide...), afin d’évi­ ter un nouveau passage du produit corrosif dans l’œsophage.
... eT ne PAs BOIre De LAIT !
Contrairement à une idée reçue, il ne faut pas ingérer de lait en cas d’IM. En effet, le lait peut, au contraire, favoriser le passage ra­ pide du médicament dans le sang.
De LA sIMPLe cOnsuLTATIOn MÉDIcALe... Quelle que soit la nature de l’IM, consultez votre médecin traitant ou appelez le 15 ou le 18 qui feront le nécessaire pour envoyer une équipe médicale et les pompiers.
Donnez les coordonnées exactes du lieu de l’inter­ vention et restez près de la victime. Si la personne est consciente et en l’absence de symptômes, vous pou­ vez la conduire aux ur­ gences pour un examen. Il peut s’agir également d’un conseil téléphonique par le centre antipoison. Dans la majorité des cas d’IM accidentelles, une simple surveillance à domicile est suffisante.
... À LA MIse sOus surVeILLAnce HOsPITALIÈre La surveillance rapprochée (hôpital, clinique...) est indispensable dès lors qu’il s’agit d’une IM vo­ lontaire. Lorsque la per­
sonne est inconsciente, elle doit être prise en charge médicalement jusqu’à l’hôpital (SMUR).
PAs De LAVAge gAsTrIQue
Largement pratiqué il y a quelques années encore, le lavage gastrique n’est plus systématique du fait des risques d’inhalation. Il se pratique au coup par coup, selon l’état du patient (conscient), la nature (risque vital) et la quantité de mé­ dicament ingéré (dose massive), le délai (moins d’une heure après l’ingestion) ainsi que la possibilité d’une surveillance après. À défaut de lavage, on utilise désormais du « charbon activé », une substance capable de fixer le médicament dans l’estomac pour l’empêcher de passer dans le sang.
Dr Daniel Gloaguen
Rebelle-Santé N° 201	47
Dr Daniel Gloaguen


































































































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