Page 26 - Rebelle-Santé n° 205
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LA CHRONIQUE
LA CHRONIQUE DE PINAR
de Pinar Selek
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Bientôt le dénouement d’un acharnement qui dure depuis 20 ans.
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Vous qui lisez Rebelle-Santé, vous connaissez l’histoire de Pınar. Ses engagements politiques, féministes et anti- militaristes, lui valent depuis 20 ans un harcèlement judiciaire ininter- rompu en Turquie (voir Rebelle- Santé N° 172). Très prochaine- ment, une décision définitive va être prise : acquittement (pour la 5e	fois) ou condamnation à perpétuité. Les nouvelles ne sont pas bonnes. Voici la lettre que nous a écrite Pınar le 18 mars dernier, à nous, ses ami.es et donc aussi à vous.
Sophie Lacoste
CHÈRES AMIES, CHERS AMIS,
Il m’est difficile d’écrire cette lettre car je viens d’apprendre une mau- vaise nouvelle au sujet du Cauche- mar qui me menace depuis 20 ans. Oui, début juillet 1998, c’est-à-dire il y a vingt ans, je me suis trouvée dans les mains des bourreaux qui ont ensuite jeté mon corps comme un cadavre en prison. J’y suis res- tée deux ans et demi, sans pouvoir utiliser mes mains, mes bras, en voyant mes longs cheveux tomber, tomber... La résistance, la mort, les cris et tant d’autres choses.
J’ai vécu tout cela bien avant le gouvernement actuel. Aujourd’hui, la Turquie est prise dans une spirale d’horreur. Nombre de mes amis et même certains de mes avocats sont en prison, la plupart sont en exil, une partie résiste avec beaucoup de difficultés. C’est un contexte de guerre qui nourrit le nationalisme et les violences de toutes sortes. Il n’y a pas de liberté. Il y a la peur. Mais la peur existe depuis long- temps. Mon procès est un exemple de la continuité historique du sys- tème répressif. Je suis aussi deve- nue l’objet d’une lutte symbolique
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