Page 86 - Correspondance coloniale
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Tant que je n’avais aucune compréhension de mon identité,
j’avais peur de l’Autre. Il représentait une menace face à ma
vulnérabilité.
Une fois que l’on prend conscience de son potentiel, de sa
valeur, l’Autre n’est plus un danger.
Toute compréhension influence l’attitude et impulse une action.
Toute vérité a un impact sur celui qui la perçoit.
Or cette vérité n’était pas compatible avec ce que je me sentais
prêt à faire.
Il y avait pourtant des indices, des sensations que j’ai préféré
ignorer. Cette façon de négliger mes besoins, de rejeter mes
requêtes, de mépriser ma souffrance. Pas d’adaptation, pas de
reconnaissance, pas de ratification… Comme face à un enfant
indésirable.
Pourquoi ai-je ignoré tous ces indices ? Certainement parce que
les entendre, les prendre en compte, m'aurait obligé à agir en
conséquence. Sinon j’aurais été en conflit avec moi-même.
Je me suis voilé les yeux parce que ce que je pouvais voir était
susceptible de créer une émotion, une réaction à laquelle je
n’étais pas prêt ou pas disposé.
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