Page 125 - matp
P. 125
Emilie Comes-Trinidad, portant sur les dynamiques de peuple- ment à la n du Moyen Age dans le bassin-versant de l’Eyrieux. La fouille d’un tronçon de la muraille nord du château de Chalencon ( g. 1) a permis de préciser la chronologie d’occu- pation et d’abandon du château au regard du développement du bourg. Ce dernier, organisé au- tour de l’église Saint-Pierre en contrebas de la colline castrale, se développe sous l’impulsion des comtes de Valentinois depuis le XIIIe siècle (Comes-Trinidad, 2016 ; Comes-Trinidad, 2018a) ( g. 2).
Les prospections pédestres* opé- rées dans les lieux-dits Saint-An- déol et Escoulen (Les Ollières- sur-Eyrieux) ( g. 3 ci-après), quant à elles, apportent des renseignements essentiels sur la chronologie d’occupation hu- maine en lien tout d’abord avec la villa carolingienne d’Escolen- co, l’implantation médiévale de l’église Saint-Andéol (Cheva- lier, 1981, n° CCCXII) et son abandon à la n du Moyen Age (Comes-Trinidad 2017 ; Comes- Trinidad 2018b).
1. Objectifs et méthode de l’étude céramologique
Fig. 1 : Plan de la zone fouillée en 2017 sur le site du château de Chalencon (source : Comes-Trinidad, 2017)
L’étude des objets recueillis sur
les sites archéologiques permet
d’entrer dans le domaine de l’anthropologie historique. Autrement dit, il s’agit de retracer les modes de vie des anciens occupants d’un lieu d’après les vestiges matériels accumulés dans le temps. Or, la céramique apporte des renseignements à la fois chronologiques, socio-culturels et économiques qui viennent alimenter le discours archéologique global. Il convient de préciser que le mobilier céramique revêt plusieurs conceptions selon la nature des vestiges : les restes de vaisselle usuelle, les objets divers et variés (type gurine, lampe, bille de jeu...) et les terres cuites architecturales (briques, tuiles, carreaux de pavements...). Toutefois, cette dernière catégorie exige d’autres connaissances spéci ques et elle ne sera pas évoquée par la suite.
L’étude des céramiques repose sur une méthodologie rigoureuse qui regroupe des critères techniques et ty- pologiques*. L’inventaire complet des tessons est une étape préalable permettant au céramologue de glaner toutes les informations procurées par les lots de céra- miques issus de contextes différents : niveau d’occu- pation, fosse, remblai... Il est d’ailleurs conseillé de
procéder par unités stratigraphiques* (US) successi- ves, comme sur le terrain. Ainsi, le céramologue isole les lots de chaque niveau et établit un premier tri sui- vant le type de pâte, de cuisson et le revêtement des fragments : c’est la classi cation dite par « catégories techniques ». Puis, dans chaque groupe, il dissocie les éléments morphologiques (bord, anse, fond...) lui per- mettant de rattacher ces éléments à une forme (mar- mite, cruche, jatte, assiette...). Se constitue alors petit à petit un catalogue plus ou moins varié du vaisselier ; la dif culté réside dans l’identi cation précise de for- mes réduites à l’état de fragments. Comme pour chaque métier, l’expérience s’acquiert au fur et à mesure et il faut se confronter inlassablement à de nouveaux lots de céramiques pour obtenir un œil avisé.
1.1 La céramique, un marqueur chronologique
Archéologue et céramologue travaillent de concert pour tenter de donner les clés d’interprétation d’un niveau, d’une structure voire même d’un site archéologique. Le rôle premier du spécialiste de la céramique consiste à
123 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018