Page 89 - matp
P. 89
entre 1917 et 1923
(1)
Cet article fait suite à un précédent qui était consacré à la période 1914-1916. Si les premiers mois de guerre bouleversèrent radicalement la physionomie des tanneries et mégisseries annonéennes, rapidement ces dernières durent s’adapter a n de faire face aux nombreuses dif cultés qui s’amoncelaient progressivement (pénurie de main d’œuvre, de matières premières, réorganisation de la production, perte de débouchés, etc.). Le retour à la paix n’aura pas non plus les mêmes effets ni les mêmes conséquences sociaux-économiques pour ces industries.
1917, LE TOURNANT DANS LES INDUSTRIES ANNONEENNES
L’année 1917 est celle de toutes les dif cultés pour la France. D’abord l’échec de l’offensive du Chemin des Dames entraîne une série de mutineries au sein de l’armée française. Mais surtout après trois années de guerre dont on ne voit pas la n, le moral à l’arrière baisse.
le chevreau, plus délicat, est réservé en grande partie à l’exportation, en particulier les articles chevreaux femmes et vernis (3) qui, vendus à l’étranger, permettent à l’instar du chevreau transformé en mégisserie, de faire entrer des capitaux étrangers en France. De manière générale, la n de la guerre voit la production et la productivité des tanneries annonéenne s’accroître. En 1918 « le rendement productif a presque doublé » chez Meyzonnier (4) par rapport à 1914 ; la production quotidienne chez Combe passe de 1 200 veaux moyens avant-guerre à 1 500 veaux moyens en 1918 et chez Terrasson de 30 à 75 gros cuirs par jour (5). En 1916, la tannerie Franc produisait 200 peaux de veaux par jour, l’année suivante elle en produit trois fois plus avec un nombre d’ouvriers en hausse de seulement 16%.
Dans les industries de la peau annonéennes, les dif cultés sont de plus en plus hétérogènes selon que l’on observe les tanneries ou les mégisseries. Pour les premières, la situation semble prospère car les demandes en cuir sont toujours aussi importantes ; par ailleurs les effectifs ne cessent de croître.
Chez Meyzonnier, en 1916, il se transforme quotidiennement autant de peaux de veaux que de chevreaux. En 1917, la tannerie produit trois fois plus de chevreaux que de veaux (2) ; si le veau sert à la confection de brodequins et à la chaussure nationale,
Malgré tout des tensions parmi les ouvriers se font sentir. Le 24 juin 1917, des ouvriers alsaciens tentent de faire grève à la tannerie Franc, sans succès. Face au
Annonay - Les mégisseries
Gagner la guerre, gagner la paix : les industries annonéennes
Mathieu GOUNON
1. Cet article est inspiré de l’ouvrage du même auteur Tanneries et mégisseries d’Annonay, 1815-2015 - Excellence, innovation, savoir- faire, éd. Mémoire d’Ardèche et Temps Présent, 2016.
2. AD07, 53 J 11, 20 000 peaux de veaux et 70 000 peaux de chevreaux par mois. 3. AD07, 53 J 11, note sur la tannerie Meyzonnier, 1918.
4. AD07, 53 J 11, note sur la tannerie Meyzonnier, 1918.
5. AD07, 53 J 11, rapport sur les industries de l’Ardèche en 1918, pp. 34-35.
87 Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018