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risque de voir les tanneries annonéennes paralysées par des grèves, il est prévu qu’un détachement du 61ème Régiment d’Infanterie soit déployé à Annonay a n d’assurer la continuité de la production (6).
toujours plus grande. Cet hiver nos vieux ouvriers par suite du froid rigoureux ne venaient pas travailler, d’où bien entendu il en résulte beaucoup de retard » (8).
En n, la demande de cuirs pour chaussures est tellement grande qu’à quelques kilomètres d’Annonay, l’armée pousse à la création d’une tannerie sur la commune de Tournon :
Pour essayer de pallier au manque d’hommes dans les ateliers, en janvier 1917, les fabricants mégissiers vont jusqu’à demander l’affectation dans leurs ateliers de prisonniers de guerre, ce qui leur sera refusé.
« Monsieur le Préfet de l’Ardèche,
La cherté de la vie et le rapport de force leur étant momentanément favorable, les ouvriers mégissiers menacent de faire de nouveau grève en mai 1917 ; ils obtiennent une augmentation de 20% de leur salaire.
Détenteurs par l’AUTORITÉ MILITAIRE d’une autorisation provisoire d’installation de tannerie- corroierie à TOURNON, nous avons l’honneur de vous demander une autorisation permanente...
Devant les dif cultés croissantes qu’il rencontre avec son personnel, Elie Briançon décide de poursuivre la mécanisation de son atelier :
Cette usine en deux corps de bâtiments séparés par la rue Labatie, serait installée partie travail de rivière bâtiment B du plan, sur l’emplacement de l’ancienne tannerie TROLAT et partie tannage et corroierie bâti- ment A, dans l’ancienne usine BOZZINI...
« Nos machines système Moenus mais construites par M. Ribes tournent 6 tours à la minute, c’est-à-dire que chaque machine écharne 12 peaux à la minute sur la culée et l’autre fait 12 peaux sur la tête. Il faut 5 hommes pour 2 machines : le premier prend la peau dans la benne et la donne à celui qui la place sur la machine au milieu, un troisième reçoit la peau écharnée à moitié et la donne au quatrième qui la place sur l’autre machine et en n un cinquième qui reçoit la peau  nie et la jette dans un cuvier ou une benne ».
En bordure de la route nationale voisinant les ha- bitations se trouveront logements, bureaux et maga- sins...
Les ateliers se trouveront à trente mètres de l’habi- tation la plus proche.
Cet établissement est destiné à fabriquer du cuir à semelles et à empeignes, obtenu en traitant des peaux de bœufs et vaches salées ; la quantité de production journalière serait de cinquante cuirs environ.
Malgré tout le carnet de commandes continue à se remplir et à l’automne 1917, la mégisserie Briançon occupe 90 personnes (soit une hausse de son personnel deprèsde30%parrapportàdécembre1916),dont25 femmes, ces dernières continuant, comme en 1916, à entrer de manière importante dans les mégisseries de la ville et participant activement au maintien de leur activité.
Pour prévenir les inconvénients pouvant résulter de cette exploitation, nos eaux résiduaires seront déversées dans le canal collecteur de la ville par celui de l’ancienne tannerie TROLLAT ; canalisation voûtée, hermétiquement close, les locaux sont prévus grands et bien aérés ; toutes matières putrescibles seront conservées au sel et à la chaux.
Par ailleurs, à partir du mois de mai 1917, la pénurie defarine,essentielleàlaproductiondechevreaumégi, s’accentue suite au décret ministériel du 5 mai 1917 qui impose que les farines de première qualité soient désormais exclusivement réservées aux boulangers (9).
A noter que trois tanneries faisant le même article existaient dans ce quartier il y a une dizaine d’années » (7).
Dans les mégisseries la situation est plus dif cile. Ainsi, la mégisserie Briançon, qui occupe 72 personnes en décembre 1916, connaît des dif cultés à s’approvisionner, notamment en alun, suite à la fermeture de la frontière franco-italienne en janvier 1917. A la  n du mois, c’est une pénurie de charbon qui vient de nouveau ralentir la fabrication. Comme l’année précédente, les mégisseries ont de plus en plus de dif cultés avec leur main-d’œuvre. Ainsi, Elie Briançon se con e à un de ses clients sur les problèmes qu’il rencontre à trouver un personnel quali é :
« Nous sommes toujours bien embarrassés pour notre travail en raison de la pénurie du personnel
Cette décision oblige les mégissiers annonéens à trouver des parades. Ainsi, le 14 mai, Elie Briançon explique à un de ses clients gantiers que « la question des farines est bien menaçante pour notre industrie, j’ai essayé un habillage avec moitié parun et moitié farine ; je vais voir ce que ça donne » (10). Quelques jours plus tard il fait part à un autre de ses clients des recherches qu’il mène a n de trouver un produit pouvant se substituer à la farine :
6. AD07, 1 M 340, lettre du général Dude au préfet de l’Ardèche, 9 juillet 1917.
7. AD07, 5 M 407, lettre de M. Gay industriel tanneur au préfet de l’Ardèche, 23 janvier 1917.
8. BBA, fonds Briançon, lettre à Bonnet frères, gantier à Grenoble, 8 mars 1917.
9. AD07, 6 M 503, lettre du Comité consultatif d’action sur les farines interdites en mégisserie, 1917. 10. BBA, Fonds Briançon, lettre à Mayer, 14 mai 1917.
11. BBA, Fonds Briançon, lettre à Amiel, 23 mai 1917.
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 88
« Par suite de la suppression de l’emploi de la farine de froment dans la mégisserie nous cherchons un produit neutre qui puisse lier l’aluna avec le jaune d’œuf pour en faire une pâte compacte » (11).
 







































































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