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Comme ces nombreux clients gantiers vont ex- primer leur satisfaction à l’égard de cette nouvelle technique, la mégisserie Briançon (et probablement d’autres mégisseries annonéennes) va continuer ce type d’habillage, réduisant au maximum l’utilisation des farines, jusqu’à la paix.
ces diverses industries qu’alimentent le produit de la mégisserie et qui font vivre environ 50 000 personnes individus serait fatalement obligées de cesser leur travail. D’autre part la plus grande partie de nos produits est vendue en Amérique et en Angleterre, et fait rentrer en France de très grosses sommes ».
En n, le 24 mai, il décide d’écrire lui-même une lettreauministredelaJusticea ndel’informersurla situation alarmante de la mégisserie annonéenne :
Ainsi, l’année 1917 voient les dif cultés s’accroître pour les mégissiers annonéens, malgré une forte demande des gantiers, tandis qu’en tannerie la situa- tion reste favorable : l’armée ayant besoin d’énormes quantités de cuir, elle favorise l’approvisionnement en peaux brutes et produits chimiques et donne des facili- tés pour que les ouvriers quali és obtiennent des sursis.
« Monsieur le Ministre par suite de la suppression de la farine dans la mégisserie qui a pour but de préparer les peaux de chevreaux et d’agneaux pour la ganterie,
1918 ne voit pas de changements particuliers dans le secteur des cuirs et peaux. Les tanneries annonéennes, à l’image des tanneries françaises, continuent de fournir 90% de leur production à l’armée (Meyzonnier par exemple a développé un article spécial, le « war- calf »). Les con its sociaux sont peu nombreux cette
année-là, même si en juillet une grève éclate à la tannerie Franc, les ouvriers réclamant une hausse de salaire qu’ils obtiennent rapidement.
er leur fabrication a n d’économiser au maximum la farine. Quelques-uns comme Briançon continuent d’acheter des machines a n de pallier au manque de main-d’œuvre. Pour ce qui est de la production, les mégisseries annonéennes sont passées de 700 000 douzaines en 1913 à environ 450 000 en 1918, soit une diminution de plus d’un tiers.
Nombres d’ouvriers dans les tanneries et mégisseries annonéennes en 1918
12. 165 mégissiers et 144 tanneurs originaires de l’arrondissement de Tournon furent tués pendant la Grande Guerre. 13. BBA, Archives fonds Briançon, correspondance active, lettre à Charlaix, 8 mars 1919.
Cahier de Mémoire d’Ardèche et Temps Présent n°139, 2018 90
1918-1919, UNE VICTOIRE DANS LA DOULEUR
En mégisserie, les approvisionnements en peaux et produits nécessaires à la fabrication sont toujours aussi dif ciles. La plupart des fabricants ont réussi à modi-
Entreprises
Hommes
Femmes
Tanneries
Meyzonnier
501
268
Franc
131
89
Combe
148
55
Terrasson
43
15
Mégisseries
Léorat
9
5
Chardon et Abel
22
5
Parat Louis
25
7
Courbon et Sassolas
15
3
Depeyre
18
1
Rey
12
1
Briançon
36
17
Chomel et Dauphin
60
7
Gris et Misery
44
4
Léorat et Coste
23
8
Combe et Briançon
40
10
Xavier et Rouvel
7
8
Monteil
22
1
Bobichon
53
24
Souchon
35
-
Villedieu
18
4
Lorsque l’armistice est signé le 11 novembre (12), l’ensemble des tanne- ries et mégisseries d’Annonay occupent plus de 1 700 ouvriers. Les femmes re- présentent près d’un tiers des effectifs, avec une très forte proportion dans les tanneries où elles représentent 34% des effectifs. Pourtant ce n’est pas dans cette industrie que leur présence pose le plus de problèmes, même si comme nous le verrons plus loin, elle vont peu à peu dis- paraître.
En revanche, en mégisserie leur pré- sence est toujours ambigüe et mal vécue depuis l’accord de 1916. Par exemple, au début de l’année 1919 la mégisse- rie Briançon reçoit de nouvelles com- mandes mais doit toujours faire face à une pénurie de main-d’œuvre (notam- ment quali ée) à cause d’une démobili- sation lente ; Briançon explique ainsi à l’un de ses clients que « si nous pouvions trouver quelques bons ouvriers palis- sonneurs, cela pourrait nous avancer un peu » (13). L’accord de 1916 stipu-