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promise, en récompense. Elle demeura plusieurs jours à Conques, honora de sa
présence les fêtes de Pâques et retourna à Toulouse. Sainte Foy, fidèle à sa
promesse, lui accorda un fils. La comtesse, remplie de joie, revint à Conques pour
rendre grâces à sa bienfaitrice et lui offrir pour filleul cet enfant qu'elle appela
Raymond. Elle eut encore un autre fils nommé Henri. C'est ainsi que sainte Foy
échangea les deux bijoux de la comtesse, pour deux bijoux mille fois plus précieux
encore.
Comment un chevalier, saisi par ses ennemis, fut merveilleusement délivré
de leurs mains.
Un chevalier, nommé Bernard, seigneur du château de Salignac, en Périgord,
animé d'une vive dévotion envers sainte Foy, avait la pieuse coutume de ses rendre
chaque année à son pèlerinage. Un jour, s'étant mis seul en route, l'escarcelle au
côté, insigne du pèlerin, il se dirigeait vers un lieu où il devait rejoindre des
compagnons de pèlerinage, pour faire chemin le lendemain avec eux. Or, après le
coucher du soleil, il fait la rencontre fortuite d'Archambaud, son ennemi mortel, qui
était suivi de cinq hommes d'armes. Environné par eux, il eut beau invoquer
l'inviolabilité des pèlerins et le nom révéré de sainte Foy, il fut fait prisonnier sans
merci. Mais sa prière fut entendue de sa sainte patronne, qui ne tarda pas à lui
fournir l'occasion d'échapper de leurs mains. Tandis qu'ils l'emmenaient prisonnier,
trompés par l'obscurité de la nuit, ils firent fausse route et rencontrèrent le frère de
Bernard, suivi d'un seul écuyer. Celui-ci, les ayant heurtés, au milieu des ténèbres,
éleva la voix et demanda qui ils étaient. Le prisonnier, reconnaissant la voix de son
frère, s'empresse de lui crier qu'il est tombé entre les mains de ses ennemis et de lui
demander secours. Ce dernier, pour sauver un frère, ne calcula pas le nombre de ses
adversaires ; il se précipita sur eux, tête baissée, sans crainte du danger. Bernard,
sans autres armes que l'invocation du nom de sainte Foy, se jette, lui aussi, sur
Archambaud, comme pour le saisir. Par la protection de la sainte, la lance de l'un de 30
ses ennemis lui tomba sous la main. Il s'en empara vivement. Muni de cette arme,
ce nouveau Jonathas s'élança au combat avec ardeur contre ces nouveaux Philistins.
Les deux frères, unissant leurs efforts, mirent en fuite leurs adversaires et
demeurèrent maîtres du terrain. L'heureuse issue de ce combat redoubla la
confiance et la joie de Bernard ; il rejoignit ses compagnons, et, arrivé au terme de
son pèlerinage, il rendit à sa libératrice les plus vives actions de grâce. Plein de
confiance en la lance merveilleuse que lui avait procurée sa sainte patronne, il s'en
servit désormais dans les combats avec le même succès, grâce à la protection
constante de la sainte, et remporta toujours la victoire contre des ennemis fort
supérieurs en nombre. Plus tard, il l'offrit à la sainte, en témoignage de sa
merveilleuse protection. On la conserve encore aujourd'hui ; elle sert de hampe
pour porter les bannières. (…).