Page 25 - Editions Tarabuste
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— Pas du tout ! C’est parce que je dois répon-
dre à une enquête... En consultant l’encyclopédie,
j’ai ainsi découvert que ces querelles théologiques
sophistiquées trouvaient un grand retentissement
auprès du peuple. On dit que, jusque sur les mar-
chés, les gens se passionnaient pour les mystères
divins comme la consubstantialité du Père et du
Fils... (Mystère qui postule que, si le Fils est né du
Père, il lui est pourtant co-éternel, étant de même
nature et même substance.)
— Le peuple ? Était-ce bien là son rôle et sa
place que de discuter de ces questions sur les mar-
chés ? Les Byzantins sont des orthodoxes et, par
conséquent, des schismatiques, n’oublie jamais
cela, mon fils. Ils se sont séparés de l’Église de
Rome. Leur façon de concevoir Dieu est en partie
asiatique, outrancière et chargée d’excès. Entre
autres, ils vouent un culte irraisonné aux images
pour la raison qu’ils croient que le portrait contient
la personne de celui-là même qui y figure. Voilà
pourquoi, en voulant à tout prix représenter les
anges et leur donner des contours, ils ont été
amenés à s’interroger sur certaines particularités
secrètes de leur anatomie, et donc sur leur genre...
— Mais, dans la tradition catholique, n’a-t-on
pas coutume de peindre les angelots tout nus, et
le plus souvent dotés d’un sexe masculin....
— Ces putti, comme on les appelle en Italie,
ne sont qu’une lointaine survivance du paganisme
et de la figure ailée d’Éros. Or, voilà justement ce
contre quoi Luther a combattu et, sur ce point, il
faut le reconnaître, non sans raison... Tous ces
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