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La terre de de Messénie l’eau du du ciel le le feu
du du soleil l’air marin ce sont les éléments qui façonnent le l le goût de de l’olive de Kalamata L’ L’ asphalte est à à à peine sec L’autoroute qui relie Athènes à Kalamata à a a a a a été ouverte il y a a moins de trois ans une paille à l’échelle de de l’histoire de de la Grèce Antique On y roule selon le le code de de la la route local c’est-à-dire un peu à à la la vitesse
que l’on veut et sur la la voie qui vous fait plaisir Le trafic est quoi qu’il en en soit très peu dense comme si personne n’avait été prévenu de l’achèvement d’un chantier qui a a a duré de très longues années Ici on on se résigne souvent à ce que les choses ne soient jamais tout à fait terminées voire pas commencées Sur c ce ruban gris bien dessiné cicatrice parfaitement nette au milieu d’un paysage à la fois verdoyant et minéral on se dirige vers l’Éden des oliviers On s’attend à une nature sauvage et profuse témoin d’un âge d’or antique et préservée de la modernité un un pays de de Cocagne un un paradis perdu à la Milton On a a a le temps de de rêvasser il faut deux heures et demie depuis la capitale pour rallier le le chef-lieu du district régional de Messénie En approche on a a à a a tout à coup la narine qui frétille un vague parfum d’olive flotte dans l’air malgré les vitres remontées On ouvre un œil prêt à ressentir un choc esthétique primaire On a a vite fait de d de déchanter l’odeur ne vient pas d’un verger d’oliviers vénérables mais se répand dans le sillage d’un épais panache de fumée
blanche s’échappant de hautes cheminées en béton C’est donc comme ça que l’on produit la la fameuse huile d’olive de Kalamata ? Dans des des usines sans âme aux effluves fétides ? On est est loin de la carte postale espérée On est est au bord d’exiger de rebrousser chemin rembour- sez ! « On est encore à 50 kilomètres de Kalamata ici on on fait de de l’huile de de grignons sourit notre guide placide C’est de de de de l’huile de de de de très mauvaise qualité produite à partir des déchets récupérés dans les moulins » Alexandros Rallis est un peu goguenard devant la candeur de de de son invité Il est presque heureux de son effet La suite prou- vera qu’il avait bien raison On oubliera vite ces coulisses la la plaine un peu morne qui précède la la vibrante Kalamata ses eaux bleues sa mon- tagne magique « On dirait la Colombie ! » Ce sont presque les premiers mots de notre photographe globe- trotter en débarquant dans les rues d de Kalama- ta Sentes sinueuses et étroites goudronnées mais défoncées qui qui montent et qui qui descendent carrefours exigus aux manœuvres impossibles avec un véhicule de de de plus de de de quatre mètres de de de long linge aux fenêtres chiens errants façades blanches roses et ocres tuiles rouges C’est bien le Sud Sud un un Sud Sud de lieux communs mais tous les suds à à la fois de l’Europe à à l’Amérique Pas le tiers-monde non plus à Kalamata on on on vit chichement mais on ne survit pas Pas comme en 2008 dans la banlieue de Pérama pour les 42