Page 20 - Milano
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 Perdu dans mes pensées qui bien des fois me menaient dans des contrées très lointaines, j’en oubliais presque la réalité de l’instant. Je rêvassais çà et là, au gré des malheurs qui traînaient de leur halo misère et désespoir, je m’octroyais le droit de croire en une potentielle bonification de cette société. Je n’avais que 14 ans mais je me pensais tout à fait légitime dans cette posture « d’utopiste », ces qualificatifs mêmes que me prêtaient ceux qui voyaient en moi un simple enfant qui ne prenait pas la pleine mesure de l’état du monde. Je n’étais à leurs yeux qu’un petit bout d’homme à qui une dose beaucoup trop importante de rêve avait été octroyé, une trop pleine mesure selon eux. J’aimais à leur dire qu’il était encore heureux qu’à travers le monde que la recette humaniste n’eût pas été uniforme et que cette dose si précieuse d’utopie existât encore chez certains. J’aimais être ce doux rêveur, pleinement en conscience de la réalité environnante mais qui restait optimiste, croyant en l’homme tout simplement...


































































































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