Page 5 - L'INFIRMIERE LIBERALE MAGAZINE - EXTRAITS RELOOKAGE
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                   Bonnes feuilles...
Sélection d’extraits du livre de l’Idel Charline, Bonjour, c’est l’infirmière!, qui vient
de paraître chez Flammarion. Interview de Charline p.22
et chronique p.23.
“ paroles
C’est en voyant apparaître sur ton visage cette espèce de masque de cire un peu gris que j’avais alerté le médecin (...). Tu avais franchi l’étape du jour au lendemain, l’étape qui fait passer dans la catégorie que j’appelle “les éclairés” :
orts, toujours vivants, pas encore m”
mais très au clair sur le fait que leur existence touche à sa fin.
« “On ne peut pas soigner avec
son cœur si on en a plein le cul!” J’avoue que lorsque je suis touchée,
«
« Le mari était en train de retaper
frénétiquement le lit conjugal. (...)
Je me suis assise pour qu’il sache que j’allais prendre le temps. Pas trop près pour ne pas l’envahir, pas trop loin pour être à ses côtés. Nous avons discuté
»
«J’ai souvent entendu les IDE, les infirmières diplômées d’Etat travaillant en service hospitalier, me dire que le libéral, c’est
de sa peur de l’échec, de la chimio qui ne donnait rien. Du désastre
que représentait à ses yeux cet arrêt de l’alimentation, qui lui semblait
un avant-goût de mort. Je l’ai écouté me parler de l’angoisse de perdre
sa femme, de son dévouement pour elle, que sans elle, sans elle... (...)
Il a pleuré sa colère et sa culpabilité d’avoir crié [sur sa femme en raison
de son refus de s’alimenter]. Un instant plus tard, il s’était calmé et caressait doucement la couverture qui ne présentait plus aucun pli. »
»
“« «
comme je peux parler poitrine et dentelles. Je peux parler alcoolisme d’un père comme je peux parler tatouage en montrant
les miens ou enfants en regardant
les photos des leurs. Je peux parler coiffure, musique, chats, espoir ou désespoir,
”e, compte pour bébé, mutuelle et prévoyanc
IVG ou 90B. La vie de l’autre est toujours sécante avec la nôtre.
Auxiliaires de vie toilettantes, facteurs pilulistes, pharmaciens vaccinateurs...
Il y [a] de quoi se perdre sur la définition de ce qu’est un soignant !
j’ai ten“
l’asc”
dance à devenir vulgaire.
Le paradoxe des soins,
c’est un ticket en première pour
la “liberté”. Et bien souvent, je leur réponds que l’Idel, l’infirmière diplômée d’Etat libérale, ne gagne qu’une “L” en se mettant à son compte et qu’avec ça, on vole de façon un peu bancale. »
Bordel, même pas 5 € net. 5 € Je peux parler violence sexuelle pour écouter et rassurer [ce] patient
enseur émotionnel.
qui avait besoin de parler et d’être en- tendu. 5 € pour soigner avec dextérité en maniant des aiguilles et des pinces sans faire mal. 5 € pour quarante-cinq minutes d’effort et de concentration en m’éclatant les genoux sur les tomettes au plus près de mon patient allongé dans le canapé. Cinq soins pour 5 €. (...) Je ne suis pas vénale, mais je ne trouve pas ça normal.
L’infirmière libérale magazine • n° 340 • Octobre 2017 3
«
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