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 Opérateurs & réseaux
de l’hydrogène ou de la batterie électrique. Et ne perdons pas de vue que l’un ne vaut pas l’autre, simplement parce qu’ils ne sont pas comparables. L’hydrogène n’est pas un mode ni même une source d’énergie, contrairement à la bat- terie, mais un vecteur d’énergie. Aujourd’hui, il n’existe pas de mé- thodologie de calcul holistique qui permette d’attester d’un bilan glo- bal, de la production des matières premières jusqu’à la fin de vie du véhicule, et de quantifier l’impact des émissions de CO2 en fonction du mode d’énergie choisi.
La logique du meilleur rendement, selon le principe from well to wheel, induit une baisse des trans- formations énergétiques intermé- diaires. Mais elle n’est pas défen- dable à tout crin.
On ne peut pas équiper tous les véhicules avec des batteries à gogo au risque d’engréver l’appli- cation elle-même. En prenant l’exemple d’un camion, l’objectif est de ne pas modifier l’usage du véhicule en sacrifiant la charge utile au profit de lourdes batteries présentes dans le tracteur. Hydrogène ou batterie, l’utilisation doit toujours être au cœur des ré- flexions, sans céder à la surenchère technologique ou à la mise en compétition absurde d’énergies.
Fixer le bon cap
Aujourd’hui il faut réfléchir à rendre l’hydrogène le plus accessible pos- sible en unissant nos forces entre industriels pour réduire les coûts initiaux, le rendre abordable tant dans sa production que dans son usage. Et donc, il y a des grands groupes qui se sont saisi du sujet en se posant les bonnes questions pour investir durablement : com- ment transférer une technologie éprouvée dans l’aérospatiale et l’étendre à un usage quotidien sur la route ? Et finalement l’ensemble des industriels s’est mis autour de
Comme on pouvait le découvrir à HyVolution 2022, le stockage de l’hydrogène entre 350 et
700 bars permet aux fabricants de réservoirs spécifiques
de trouver là un nouveau marché pour leur spécialité.
la table pour résoudre l’équation à deux inconnues : comment utiliser l’hydrogène s’il n’est pas produit ? Pourquoi en produire tant qu’on ne l’utilise pas ? Et plus on avance dans le temps, plus on arrive à faire converger tous les acteurs vers un point de rencontre.
Le déploiement de l’hydrogène doit être guidé par le cap environ- nemental et renforcé par des ac- tions collectives et inspirées à la fois sur la production et l’usage. Nous, équipementiers automobile, avons à cœur de développer des solutions technologiques standar- disées qui soutiennent cette im- pulsion RSE. Et c’est en convoquant des principes de bon sens que nous réfléchissons en particulier à l’allègement des produits. À cela, nous conjuguons le mode sugges- tif plutôt que directif pour accom- pagner nos interlocuteurs dans ces changements.
Avons-nous donc le temps ? Ce que nous expérimentons tient en réalité non pas du virage à 180° mais de l’évolution technologique cohérente. Et cette fois-ci, nous nous préoccupons enfin, et il était temps ! de la planète. Veillons à ne pas amplifier le dérèglement de la machine, par des actions conduites dans l’urgence (pour apaiser la désagréable sensation que nous avons déjà overshooté la trajectoire) sans réflexion globale qu’il faut prendre le temps de bien poser afin de choisir le cap opti- mum. Car se précipiter sur les le- viers tels que la batterie et l’hy- drogène sans avoir travaillé sur les causes racines de la dépense éner- gétique ne pourrait représenter qu’une avancée réduite dans l’ex- ploitation responsable de ces tech- nologies. Le seul changement, dès à présent, doit être celui de l’usage et de la masse à mettre en mou- vement à chaque déplacement. z
YOHANN PERROT, DIRECTEUR INNOVATION DU GROUPE BONTAZ
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