Page 44 - MOBILITES MAGAZINE N°42
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 Politiques & institutions
 tables. Il y a quelques temps, la marque Time, propriété du groupe Rossignol a été vendue, mais re- prise par lui-même après l’échec du repreneur et remise en vente.
Un petit nombre d’euros
par mois
Second effet, la stratégie des prix bas qui avait disloqué l’industrie européenne ne prévalant plus, un certain rapatriement de la pro- duction est en cours. Cela prendra encore quelques mois mais déjà des cadres de bicyclettes - le com- posant fondamental de cette filière - sont fabriqués au Portugal plutôt qu’en Asie. L’Europe a aidé en im- posant des taxes à l’importation sur les vélos montés. Les fabricants des autres pièces, dont les moteurs, suivront.
Du côté du consommateur, après la ruée dans les magasins pour l’achat de nouveaux vélos, Jérôme Valentin prédit l’essor de la location, du vélo pour un petit nombre d’eu- ros par mois. « Proposée par des loueurs privés et publics. Pour continuer d’encourager la pratique, après le vélo en libre-service, les collectivités vont s’interroger : pour- quoi ne pas pérenniser la location à pas cher ? »
Effet encore plus surprenant de la crise sanitaire, les autres micro- mobilités électriques se sont ins- tallées. L’utilisation et la vente de trottinettes et de roues électriques se sont envolées. En septembre Dott, fournisseur de trottinettes
Raluca Marian, IRU
Les conditions de la mobilité sont à défendre en Europe.
en libre-service a enregistré 33 000 trajets par jour à Lyon. Jusqu’à 9 utilisations par jour pour chacune de ses 2000 trottinettes. « Jusqu’à 1500 personnes en une heure, c’est 5 lignes de bus complètes », calcule Matthieu Faure Matthieu Faure, directeur marketing et co- fondateur de Dott qui se définit comme fabricant et opérateur de mobilité grâce notamment à des trottinettes en libre-service.
La moitié des utilisateurs
de trottinettes abandonnent leur voiture
L’entreprise a été créée fin 2018 pour « ne pas laisser toute la place aux opérateurs chinois et améri- cains ». En juillet, elle a remporté
l’appel d’offres, à Paris, pour 5000 trottinettes accessibles sans station. Devant le suédois Voi et l’allemand Tier, qui vont en faire autant. « Pas besoin d’études de marché. Dans le sillage du vélo, plein d’usages différents vont se développer », estime Matthieu Faure, la trottinette étant plutôt utilisée par les hommes, jeunes, sur des trajets plus courts que le vélo. Pour lui, les usages sont complémentaires. D’ailleurs, Dott, déjà présente dans une quinzaine de villes en Europe avec sa trottinette, va aussi lancer un vélo.
Après le confinement, Dott a fait des prix : deux trajets ou une jour- née à 4€ ; dix trajets pour 15€. Mais le résultat est là. « Le dé- confinement a provoqué un déclic. La trottinette est devenue un moyen de locomotion à part en- tière », estime Matthieu Faure.
« La crise sanitaire a fait passer à l’acte, confirme Christophe Bayart, Pdg de Mobilityurban, enseigne de magasins micromobilité, à Paris, Lyon et Toulouse. Ce type de mo- bilité va rester ». D’autant que la trottinette électrique s’est beaucoup améliorée. Elle est passée, en quelques années, de 15 à 25 km d’autonomie. Dotée de plus grosses roues et de systèmes de double- freinage, avant et arrière, elle a gagné en sécurité et en confort. Plus solide, elle résiste aux mauvais traitements. « Tout cela alors que les prix n’ont pas augmenté en proportion. Même s’il existe des machines à 2500 €, le marché se concentre dans une fourchette située entre 700 et 1000 € », pré- cise Christophe Bayart. D’après ses calculs, 5 % des acheteurs seule- ment viennent du vélo. La moitié en abandonnent leur voiture. Ce qui devrait encourager bien des villes à vouloir en développer l’usage. Elles n’ont pas fini d’étendre et d’élargir leurs pistes cyclables. z
   44 - MOBILITÉS MAGAZINE 42 - NOVEMBRE 2020
HUBERT HEULOT
  
















































































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