Page 42 - MOBILITES MAGAZINE N°42
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 Politiques & institutions
      Le marché a été divisé par deux.
Craintes d’emballement dans l’hydrogène
Les préoccupations environne- mentales risquent de provoquer davantage de demandes de véhi- culesplus«propres».«Ilyaac- célération de ce côté-là. Surtout en France, remarque Stéphane Espinasse. Et heureusement pour nous que certains pays comme le Portugal et la Croatie ont encore prévu de rouler au Diesel jusqu’en 2026, voire 2030. Car nous risquons d’avoir à amortir sur deux ou trois ans les énormes investissements réalisés sur la dernière étape de la norme Europ VI (step E). Nous craignons notamment un embal- lement dans l’hydrogène. Non que nous n’y soyons pas engagés. L’expérience de Pau, par exemple, est importante, justement pour en tirer les leçons. Mais si, sans qu’il y ait de coordination nationale, des communes, des aggloméra- tions, commandent des véhicules à hydrogène, cela leur coûtera d’abord très cher. Ensuite, elles risquent de commander chinois.
Matthieu Beyt, EVOBUS
Nous risquons de rater une occa- sion de reprendre la main sur ce marché en Europe, alors que les Chinois ont actuellement de l’avan- ce sur nous ».
Son inquiétude est celle d’un constructeur alors que le premier emballement a déjà émergé chez les responsables politiques. La France a décidé d’investir 7 Mds€ dans une filière hydrogène, dix fois plus qu’il y a six mois. L’Espagne investit 9 Mds€ dans cette même technologie, et l’Allemagne 10. La Grande-Bretagne est prête à em- prunter 100 milliards de livres sterling.
Changement de modèle économique dans le vélo
Nul besoin de se réinventer à ce point - et à ce prix - pour la mi- cro-mobilité. Elle est la grande gagnante de la crise de la Covid. Individuelle et « propre », même quand elle est électrique.
D’abord dans le vélo. En France, on enregistre 28 % de trajets à vélo en plus, hors période Covid, signale le 10e bulletin post-confi- nement de l’Association Vélo et territoires. Un mouvement qui se confirme partout, même dans les espaces ruraux (+ 17 %). « En France, le changement culturel en faveur du vélo date d’avant la Covid. Du premier plan national vélo de 2018, signale Jérôme Va- lentin, le président de l’Union Sport et Cycle qui rassemble les fabri- cants. Mais il y a accélération. Au
Matthieu Faure, DOTT
La trottinette
n’est plus un
gadget.
printemps, nous étions débordés. Nous ne pouvions pas répondre à la demande. Mais nous avions des stocks. Aujourd’hui, c’est pire. Les marchands de cycle ont anticipé la croissance des mois à venir. Ils ont multiplié leurs commandes par deux. Nous avons accéléré nos cadences mais nous ne pouvons toujours pas les livrer. Nous crai- gnons qu’ils en aient trop fait. Qu’ils créent une bulle de demande, totalement artificielle. Que nous nous retrouvions avec des invendus au printemps prochain ». L’explosion dans l’industrie du vélo provoque d’abord une hausse des prix. Le vélo électrique vendu cou- ramment 1500 € il y a encore quelques mois atteint 3000 €. Une concentration du secteur sur les segments les plus rentables du marché s’amorce. Les trois grands fabricants européens de vélos, le suédois Cycleurope, les hollandais Accel et Pon qui possèdent chacun une dizaine de marques en ont mis deux en vente, les moins ren-
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