Page 9 - MOBILITES MAGAZINE N°13
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                Actualités /Mars
 Rapport Duron
   REGION
Le Grand Est partagé
Jean rottner, président de la région Grand Est, se trouve à la fois « satisfait et déçu » par le rapport Duron. Satisfait par la « prise en compte du caractère straté- gique de l’A 31 » (Toul-frontière luxembourgeoise), l’un des rares projets routiers évoqué dans le rapport. Et « déçu par les propositions concernant d’autres projets ».
Outre la non-participation de l’Etat au projet de Liaison rail Aéroport de Bâle-Mulhouse, et le report après 2038 de la
seconde phase de la LGV rhin- rhône (Belfort-Mulhouse), c’est principalement le sort réservé à l’électrification de la ligne Paris-Troyes qui préoc- cupe la région. Le rapport « re- pousse après 2037 la réalisation de la seconde phase entre No- gent-sur-Seine et Troyes ». Ces propositions « remettraient en cause le protocole-cadre qui vise une échéance de réalisa- tion à 2022 \[...\] piétinent l’accord historique conclu entre les ré- gions Grand Est et Ile-de-France et ignorent les investissements
déjà réalisés par la région Grand Est en termes d’achats de ma- tériels roulants afin d’anticiper une électrification dès 2022 ». On peut, il est vrai , s’interroger sur l’intérêt d’un phasage de l’électrification Paris-Troyes fixé à Nogent-sur-Seine, une gare qui selon le rapport est « sus-
ceptible de constituer un nœud intermodal ». Serait-ce une façon de réduire le projet à son seul aspect de bouclage électrique francilien ? Un abou- tissement qui n’aurait alors plus aucun intérêt pour le Grand Est... z
M.C.
  COI
« Un coup de poignard dans le dos »
Le rapport du Conseil d’Orientation des doté de 300 millions d’euros, préconisée
  Infrastructures (COI) vient d’avoir raison sur plusieurs projets en Auvergne-rhône- Alpes, pour lesquels les milieux écono- miques locaux, soutenus par le conseil régional, demandaient depuis longtemps une confirmation. C’est tout d’abord la liaison autoroutière A45, détentrice depuis 2008 d’une Déclaration d’Utilité Publique, qui, dix ans après, n’est toujours pas jugée prioritaire. Après la purge de nombreux recours, dont un devant le Conseil d’Etat, la priorité recommandée au gouvernement est selon le COI « le financement d’études nécessaires à la tenue du débat public multimodal et à l’analyse approfondie des solutions alternatives à l’A45... ».
Une recommandation qui colle effective- ment aux nouvelles orientations gouver- nementales, de privilégier l’entretien et l’amélioration des infrastructures existantes, plutôt que de nouveaux investissements. Il n’y a bien que la chambre de commerce lyonnaise pour ne pas y voir un signe d’abandon : « nulle part il n’est écrit dans le rapport qu’il faut abandonner le projet A45. Le COI indique néanmoins qu'une solution satisfaisante pour l’arrivée du projet sur l’agglomération lyonnaise devra être trouvée pour éviter d’aggraver les conditions de circulation », nuance ce-
Laurent Wauquiez, président d’Auvergne- Rhône-Alpes.
pendant le Collectif pour l'A45. Sauf que le contournement, lui aussi, fait l’objet de réserves !
Soulagement des opposants
Comme pour Notre-Dame-des-Landes, ce sont les associations qui se sentent pousser des ailes. L’Alcaly, qui revendique plus de 100 collectivités sur trois dépar- tements, est persuadée, elle, qu’une étude objective conduira à l’abandon pur et simple du projet A45. Pour elle, « l’amé- lioration et le renforcement des dessertes TER, l’approfondissement des initiatives visant à concrétiser les projets ambitieux du transport de demain (hyperloop, cabines, transport par câble), l’encouragement pour de nouveaux comportements (covoiturage) ou d’organisation du travail (télétravail)... apparaissent infiniment plus raisonnables ». Le projet de création d’un fonds destiné à la promotion des solutions alternatives,
par le COI, apporte de l’eau à leur moulin. Le rapport du COI retoque aussi la nouvelle ligne donnant accès au tunnel transalpin. Car si celui-ci entre dans une perspective internationale, financée par des fonds européens, il n’en est pas de même pour la partie française. Cette préconisation ne manquera pas d’altérer sensiblement les performances de l’ensemble de l’ou- vrage. Mais elle satisfait les milieux éco- logistes, pourtant à l’origine de la liaison transalpine et devenus depuis les princi- paux opposants.
Enfin, la requalification de la ligne POCL, pour laquelle Auvergne-rhône-Alpes s’était très récemment engagée, marque aussi un recul de l’Etat. En revanche, le rapport du COI recommande l’intervention de de ce dernier pour ce qui est du règlement des problèmes liés à la saturation de cer- tains nœuds ferroviaires, au premier rang desquels figure celui de Lyon Part-Dieu. Des décisions qui confortent assez préci- sément le positionnement du président d’Auvergne-rhône-Alpes, Laurent Wau- quiez, souhaitant devenir le premier op- posant au gouvernement Macron, et qui a qualifié la position du COI comme « un coup de poignard dans le dos » !z
J.-F.B.
MObiLiTés MagazinE 13 - MArS 2018 - 9
  











































































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