Page 16 - MOBILITES MAGAZINE N°57
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 Politiques & institutions
   l’effet dévastateur pour l’atteinte des objectifs européens de sortie des énergies fossiles (que la Com- mission Européenne sera encore plus tentée de reporter sur les transports), cela alimente les ten- sions sur les marchés. Un embal- lement des prix de l’électricité am- plifié par l’impact du prix des quotas de carbone européen (atteignant, voire dépassant, en ce début 2022, les 90 €/t de CO2). Pour la France, le prix du kWh était en moyenne sur l’année 2021 de 110€/MWh (soit déjà une hausse de 230 %
La libéralisation du marché de l’électricité, au nom du dogme du libre- échange et de la « concurrence libre et non faussée », empêche les Etats membres d’investir dans les équipements les plus puissants et coûteux (en clair :
le nucléaire).
 vs. 2020).
Le prix du MWh en
lobbying et de la société civile, les investissements dans les industries liées aux énergies fossiles ne pour- ront plus bénéficier d’aides ou de soutiens publics. On programme de fait la pénurie. Mais celle-ci pourrait arriver plus tôt que prévu, en tout cas bien avant que les solutions alternatives ne soient à maturité pour assurer un même niveau de production. Et c’est l’Eu- rope, pauvre en ressources éner- gétiques, qui serait la première victime. La libéralisation du marché de l’électricité, au nom du dogme du libre-échange et de la « concur- rence libre et non faussée », em- pêche les Etats membres d’investir dans les équipements les plus puissants et coûteux (en clair : le
nucléaire). Or ces installations ser- vaient à la production électrique dite « de base ». Les producteurs, désormais privatisés, ont investi dans les unités les plus rapides à déployer, et susceptibles de pallier rapidement aux faiblesses de la
(2)
production des ENR : les centrales
à charbon ou à gaz. La Directive européenne dite « 3 x 20 » de 2008 a imposé des objectifs très élevés d’incorporation d’énergies solaires et éoliennes dans la production électrique. Or celles-ci sont, par définition intermittentes ! La crise actuelle autour des prix de l’élec- tricité, et l’emballement consécutif de la demande de gaz en Europe, est lié à cette carence de production des énergies renouvelables, en
France est attendu à 220 € en
moyenne annuelle. Soit 100 % de
hausse en un an par rapport à
(1)
2021 . Pierre-Franck Chevet ôte
tout espoir d’action « locale » à l’échelle d’un pays : « ce n’est pas la régulation qui, ici, changera la donne ».
Un cocktail détonnant
Que retenir de cet exposé ? D’une part, que la transition écologique telle que voulue par l’Europe est paradoxalement un amplificateur de cette crise mondiale. En effet, sous la pression de cabinets de
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