Page 14 - Mobilités Magazine Thématique N°8
P. 14

  Mobilités
magazine
Thématique
  Mais c’est à la suite de la réunifica- tion allemande et de la mise en vente par la « Treuhandanstalt » (l’organisme chargé de liquider les firmes d’État de l’ex-RDA) des sites de Berlin-Henningsdorf, de Bautzen et de Görlitz (voir Chapitre III) ap- partenant au groupe d’État DWA que Bombardier - qui avait aupa- ravant racheté Talbot à l’Ouest de l’Allemagne - s’implante largement au cœur de l’Europe. En 2001 avec l’acquisition d’Adtranz( 3), Bombardier devient même durant un temps le premier producteur ferroviaire mon- dial.
Rang confirmé par un véritable « contrat du nouveau siècle » avec la SNCF en 2001, et qui vise la construction de 500 rames AGC (elles seront en réalité 700 unités construites au final) qui renouvel- leront les flottes destinées aux nou- veaux TER. Tandis que début 2009, le savoir-faire acquis en Allemagne avec la reprise des sites de l’Est du pays permet à Bombardier de rem- porter un contrat pour la livraison de 800 voitures à deux niveaux pour la Deutsche Bahn.
Parallèlement, Bombardier investit le marché chinois en remportant en 2005-2006 la fourniture de 361 voi- tures pressurisées pour la ligne de haute-altitude du Tibet avant de se lancer avec un partenaire chinois dans la grande vitesse. Ce sont 80 rames adaptées et issues de la gamme Zefiro du constructeur qui seront livrées de 2012 à 2014.
Le succès de la branche ferroviaire
du groupe se confirme au fil des
années pour arriver aujourd’hui à
l’existence du quatrième groupe fer-
roviaire mondial qui, sur l’exercice
2018-2019, a réalisé un chiffre d’af-
faires de 7,2 Mds€ et se trouve fort
d’un carnet de commande de 8,2
(4)
Mds€ . Résultats qui reposent sur
63 sites industriels répartis dans 28 pays dans le monde (dont 19 sites dans onze pays en Europe) et sur pas moins de 40 600 employés.
Mais à l’échelle de Bombardier Inc. les succès du ferroviaire contrastent avec les difficultés récurrentes de la branche aviation qui doivent de plus en plus être compensées au niveau du groupe par les profits issus des autres secteurs. Jusqu’à mener à une situation d’endette- ment du groupe devenue préoccu- pante.
Les tentatives de rapprochement esquissées avec Alstom et Hitachi qui sont entreprises en 2019 peu après le refus de la fusion Alstom- Siemens par la Direction européenne de la Concurrence se concentrent ensuite sur un accord avec Alstom jusqu’à mener à la procédure de fu- sion-acquisition aujourd’hui en cours...
Siemens Mobility l’électricien, ou la force en solitaire
L’histoire de Siemens comme celle de ses activités ferroviaires - au- jourd’hui regroupées dans Siemens Mobility - est indissociable de la grande histoire industrielle de l’élec- tricité puisque c’est en 1879, lors de l’Exposition industrielle de Berlin, que la jeune entreprise Siemens & Halske(5) présente le premier train à traction électrique. Dès 1881, c’est au tour du premier tramway élec- trique, expérimenté également à Berlin, par la firme sur un petit circuit de 2,5 kilomètres.
Le développement des activités fer- roviaires du groupe est à l’image de celui des autres grandes entre- prises allemandes et européennes d’alors avec ici une « vocation élec- trique » qui ne se démentira jamais. Siemens sera un champion de la traction ferroviaire en courant al- ternatif qui arrivera, nombreuses expériences à l’appui, à la mise au point du système d’électrification en 15 kV-16 2/3 aujourd’hui utilisé en Allemagne, en Autriche, en Suède et en Suisse.
La branche ferroviaire, devenue Sie-
mens Transport en 1989, puis Sie- mens Mobility en 2018, est à l’instar d’Alstom avec le TGV aujourd’hui essentiellement connue par ses pro- duits grande vitesse, depuis les dif- férentes versions de l’ICE jusqu’au Velaro, en passant par les dernières rames Eurostar. Les rames à grande vitesse Siemens roulent ainsi de l’Al- lemagne à la Russie et à la Chine. Où elles ont été - avec le Zefiro de Bombardier déjà évoqué - l’une des véritables matrices de l’offre concur- rentielle grande vitesse de... CRRC ! Mais l’ampleur et la variété de la gamme des matériels roulants de Siemens se traduisent notamment par la part qui reste - bien plus im- portante que chez Alstom comme en témoignent les déboires du site
14 - MOBILITÉS MAGAZINE THÉMATIQUE - DÉCEMBRE 2020
   









































































   12   13   14   15   16