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Des recommandations qui ont de toute évidence été retenues, au grand bénéfice du texte de loi.
L’AQMAT souligne toutefois que l’initiative gouvernementale survient à l’heure où le nombre de travailleurs disponibles achoppe sur le territoire québécois, ce qui explique pourquoi le PL19, loin d’être reçu comme une simple formalité administra- tive, soulève un débat ces derniers mois : si la loi est votée telle quelle, sans autre amendements, elle contribuera à accentuer la pression vécue de plein fouet par les marchands, fournisseurs et distributeurs que nous représentons.
Consultés récemment par l’AQMAT au sujet de la rareté de main- d’œuvre, 90 % de 152 entreprises répondantes et membres ont d’ailleurs signalé souffrir des effets adverses du déclin de la population active dans leurs opérations quotidiennes.
L’AQMAT et son partenaire, l’équipe Capital RH, posent le même diagnostic : le projet de loi aura des impacts majeurs quant à la disponibilité de la main-d’œuvre requise en quincaillerie puisque l’embauche d’étudiants à temps partiel permet pour plusieurs d’assurer les services aux clients selon les heures d’ouverture en vigueur : pensons aux soirs de semaine et à la fin de semaine. C’est donc dire que ces nouvelles dispositions auront aussi pour effet concret d’accentuer la pression mise sur les gestionnaires marchands, qui doivent effectuer toute une gymnastique, en ce moment, pour assurer le bon fonctionnement de leurs entreprises avec des effectifs réduits et des horaires de travail déjà lourde- ment affectés.
Or, le budget québécois pour l’année financière 2023-2024 propose des moyens d’action nettement trop timides pour faire face à l’enjeu. L’AQMAT s’est entre autres montrée déçue, le 21 mars, que la seule mesure encourageant le maintien de la main-d’œuvre expérimentée sur le marché du travail soit la pos- sibilité, pour les 65 ans et plus, d’être exemptés de contribution au Régime de rentes du Québec. Il faut en faire beaucoup plus pour lutter contre le déclin de la population active. Le PL19, dans toute sa pertinence, ne fait que le mettre davantage en évidence.
Nous avons réitéré en conclusion à notre mémoire que si le PL19 est promulgué, le gouvernement devra être conséquent et annoncer de nouvelles mesures afin de pourvoir au besoin d’employés dans les quincailleries et les usines.
L’AQMAT demande par ailleurs, depuis de nombreuses années, un débat sur la Loi sur les heures et les jours d’admission dans les établissements commerciaux. Doublée de démarches d’immigration plus agressives et de meilleurs incitatifs pour garder les employés expérimentés au travail plus longtemps, une telle mesure aiderait à assurer la vitalité des quincailleries dont le rôle a été statué comme essentiel.
L’association a transmis sa position à tous les partis d’opposition et aux médias.
Le commerce de détail appuie
le PL19 et priorise la sécurité
des jeunes
Tout comme l’AQMAT, le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) a relevé du PL19 qu’il est «essentiel de protéger la sécurité des jeunes travailleurs et de prioriser leur persévérance scolaire», mais aussi que les vacances estivales constituent pour les jeunes travailleurs un moment de choix pour le travail, n’interférant pas avec les jours d’école. La position du CCCD se démarque de celle de la quincaillerie et des matériaux de construction sur quelques points, puisque le premier demande des allègements supplémentaires jusqu’où n’est pas allée l’AQMAT. Entre autres :
• considérer le vendredi comme faisant partie de la fin
de semaine, pour ne limiter le travail des enfants en âge de scolarité à 10 h que du lundi au jeudi ;
• permettre l’étalement des heures sur une période de deux semaines ;
• retirer la limitation du nombre d’employés au sein d’une entreprise familiale ;
• permettreletravaildesmoinsde14anspendant les périodes de vacances et longs congés scolaires, et autres dérogations.
Pour sa part, le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) et ses membres «soutiennent entièrement le gouver- nement dans ses démarches visant la protection des jeunes travailleurs au Québec, autant physique que mentale, ainsi que la persévérance scolaire et la réussite éducative à un haut niveau de priorité ». Même s’il accueille favorablement le PL19, le CQCD recommande de «réévaluer la période de 30 jours accordée aux employeurs» suivant la sanction liée au fait de transmettre une cessation d’emploi aux jeunes de 14 ans et moins à son emploi, qui ne pourront plus travailler, «afin de [la] prolonger jusqu’au début des vacances estivales ».
Gestion
  ÉTÉ 2023 • AQMAT MAGAZINE 23
 














































































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