Page 11 - AQMAT Magazine Été 2024
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Dans les vieux pays, on a en aussi compris que les métiers artisans que pratiquent maints commerçants doivent être protégés, notamment en leur permettant d’offrir ensemble, plutôt que séparément, le plus d’heures d’accès possible à leurs établissements.
Nos commerces peuvent concurrencer Amazon et consorts grâce à deux cartes-atouts : 1) du personnel qualifié
et disponible : 2) de l’inventaire physique. En effet, rien
ne remplace le conseil personnalisé d’un expert en personne et même le service Prime prend 24 heures de livraison alors que tout consommateur n’est situé qu’à 30 minutes
d’une quincaillerie.
Or, ces deux caractéristiques coûtent de l’argent qu’il est possible de payer à la condition d’ouvrir moins pour ouvrir mieux.
Il serait plus sain d’implémenter un cadre officiel de dialogue entre concurrents que de les laisser se parler en catimini.
Iniquité entre entreprises d’ici et d’ailleurs
Dans un tout autre ordre d’idées, le législateur n’aborde aucunement l’inégalité avec laquelle sont traitées
nos entreprises en comparaison avec les grandes sociétés étrangères qui débarquent. Bien que caviardés, les documents révélés au public démontrent que celles-ci ont accès
à des traitements fiscaux, des avantages par exemple sur le plan énergétique, des prêts et subventions auxquels ne peuvent même pas rêver les nôtres. Deux poids
deux mesures qui travestissent la notion
de juste concurrence.
À propos des bas prix
On a par ailleurs parlé de prix prédateurs au colloque.
\Les fans de la main invisible qui gère bien le marché prônent que le plus bas prix doit gagner. Point-barre.
D’accord avec le principe, mais encore faut-il comparer que des pommes.
Si les autorités laissent un produit d’ancienne génération entrer sur le marché...
Si on exige des manufacturiers canadiens qu’ils lavent plus blanc que blanc en matière de travail des enfants, de normes environnementales, de prévention de la santé ou de la sécurité...
Si on ne protège pas assez les brevets et que la contrefaçon fleurit...
Si on ne considère que le prix d’achat sans prendre en compte la durabilité du produit...
Se protéger comme les autres
Même si on ne peut faire abstraction de notre position géographique dans l’ombre d’un géant, cette peur de fâcher
les Américains ne devrait pas nous empêcher d’appliquer
une certaine discrimination positive à l’égard de nos créateurs de richesse, nos manufacturiers, incluant les sociétés étrangères qui opèrent des usines sur notre territoire.
Rien dans les accords de libre-échange ne permet la discrimination positive sur un marché domestique. Rien ne l’empêche non plus.
S’il est interdit d’avantager nos produits sur le territoire étranger avec lequel on a un pacte, on peut en revanche faire beaucoup, en toute légalité, pour inciter les consommateurs canadiens
et les entreprises à privilégier l’achat de biens fabriqués ici.
Et l’État central, les provinces et leurs gouvernements municipaux ont, selon moi, le devoir d’agir par exemplarité quand il s’agit de leurs propres approvisionnements.
Pour comprendre le rôle des lois sur la concurrence, il faut
sans doute revenir aux origines du mot « économie ». En grec ancien oïkonomia s’inscrivait dans une perspective de gestion sociétale, c’était une science morale et philosophique. Le marché libre a ses avantages, mais s’il arrive qu’il ne soit pas aligné
avec l’intérêt de la société, l’État doit alors corriger
ces défaillances.
Richard Darveau Président-directeur général richard@ici-here.ca
Bref, nos lois devraient être guidées par le sens du fairplay.
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