Page 8 - AQMAT Magazine Été 2024
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   Les mots français qu’on voit par exemple sur les enseignes des Home Hardware ou des Home Depot au Québec intègrent du français conformément au règlement entré en vigueur en 2019, mais pourraient être remis en question par
les inspecteurs de l’OQLF.
Actualité
 Affichage majoritairement en français : le diable se montre dans les détails
Si l’intention d’imposer une présence majoritaire de la langue française sur les enseignes et les façades des commerces de détail du Québec est pavée de bonnes intentions de la part du gouvernement Legault, l’AQMAT et les autres associations commerciales doivent maintenant s’assurer que l’opération ne tourne ni à la chasse aux sorcières, ni à une application locale qui dépend des opinions de chaque inspecteur nouvellement embauché par l’Office québécois de la langue française (OQLF).
 S elon ce qu’on comprend, visuellement, le français doit occuper les deux-tiers (66,6 %) de l’espace de toute enseigne ou affiche, que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur
du magasin. Toutes les entreprises – pas seulement les com- merces – doivent s’exécuter d’ici un an.
Mais déjà, chaque inspecteur interprète à sa façon la nouvelle consigne. Par exemple, un quincaillier a reçu un rapport après une visite de l’OLFQ à l’effet que, selon lui, c’est le nombre de mots qui doit prédominer en français sur une autre langue.
D’entrée de jeu, tout commerce pense d’abord à sa clientèle et est naturellement disposé à lui plaire par pur sens des affaires. Cette posture fait que dans un milieu à 90 % francophone et plus, aucun marchand serait assez bête pour s’afficher majoritairement en anglais ou embaucher des anglophones unilingues. Et ils ne le font pas.
Le problème potentiel serait d’imposer aux groupes nationaux et internationaux des normes d’affichage particulières coûteuses pour faire affaire dans le marché somme toute assez petit qu’est le Québec. Comme on dit : qui trop embrasse mal étreint. «Si l’application du nouveau règlement s'exécute, certains mar- chands dans certains marchés vont regimber et un climat hostile se développera », croit M. Darveau.
La deuxième doléance réfère aux efforts déjà consentis il y a cinq ans par les marchands. Tout le monde a vu à intégrer des mots français sur leurs enseignes, incluant les bannières américaines ou canadiennes anglaises. La position qu’entend défendre l’AQMAT aux côtés de ses magasins membres est la suivante : « En affaires, une marque connue doit être aisément
et universellement repérable. Il serait discriminatoire et insensé que des marques d’origine locale comme BMR, Canac, Patrick Morin ou RONA puissent être laissées en gros alors qu’on doive rapetisser des mots anglais comme Castle, Home Depot, Home Hardware ou Timber Mart. »
Nos membres sont généralement d’avis que rapetisser des logos ou des marques du fait qu’elles arborent des mots anglais nuirait à leur compétitivité tout en imposant de nouveaux coûts.
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