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L’impression 3D, amie ou ennemie de l’environnement ?
Sur le plan de l’empreinte écologique, l’utilisation du ciment ou pire du ciment plastifié, pour construire un bâtiment est un enjeu réel. Le président de la compagnie qui fabrique les imprimantes pour le béton en est conscient.
M. Comishin souligne par contre que la technologie va s’améliorer avec le temps ; « la robotisation pourrait réduire de 40 % l’utilisation de béton dans la construction de bâtiment, souligne M. Comishin. »
Objectif louable certes, mais rien pour impressionner le direc- teur général de l’organisme à but non lucratif Écohabitation, Emmanuel Cosgrove. L’impression de maisons, selon lui, est une fausse bonne idée et ne fait pas partie des solutions, point. Il n’y voit aucun avantage ; ni en matière de coûts, ni pour la rapidité d’exécution, ni pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre, tellement l’impact sur l’environnement est dévastateur.
«Ce sont des bâtiments qui peuvent être imprimés oui, mais ça reste un immeuble en ciment et l’empreinte écologique du ciment est astronomique. Et plus on ajoute de plastifiants dans le ciment, moins il est écologique. Le béton est un des grands émetteurs de gaz à effet de serre au Québec. C’est une des indus- tries les plus polluantes et qui utilisent le plus d’énergie. »
Ça frappe l’imaginaire de penser que l’on peut construire une maison en quelques heures ou en quelques jours à l’aide d’un robot, mais la réalité, estime M. Coscrove, c’est que «l’impression 3D ne fabrique pas de revêtement extérieur ni de système de ven- tilation et ne peut créer de système d’isolation non plus. Toutes les autres étapes qui constituent étanchéité, isolation, finition d’un bâtiment ne sont pas incluses encore. »
L’alternative au béton, le géopolymère
Heureusement, la transition vers d’autres matériaux plus écolo- giques que le béton s’accélère grâce à la recherche.
M. Mansour explique : « Il y a des recherches où les gens utilisent du verre concassé pour remplacer le sable, d’autres utilisent des déchets de construction recyclés comme agrégat plutôt que de la pierre. Et d’autres recherches sont en cours où on utilise la fibre de chanvre pour renforcer le béton. L’impression 3D avec du bois réduit en poudre est présentement testée pour fabriquer des meubles, des façades et d’autres articles. »
D’ici trois ans, estime M. Mansour, la transition va s’accélérer passant du béton à des matériaux naturels comme le géo- polymère qui est, à la base, ce qui a servi à la construction des pyramides d’Égypte.
Il souligne qu’en 2020 aux États-Unis, il n’y avait aucune entreprise spécialisée en impression 3D ; aujourd’hui, il y en a une dizaine qui mènent une multitude de projets.
    16 HIVER 2022 • AQMAT MAGAZINE
 Maisons 3D
Pour Emanuel Cosgrove, directeur
général d’Écohabitation, l’impression 3D est une fausse bonne idée, principalement parce que le béton est la matière utilisée et seuls les murs sont érigés, pas des maisons complètes.
 L’impression 3D
peut-elle nuire ou aider aux centres de rénovation et aux manufacturiers ?
Quand on parle à des architectes, il n’y a pas péril en la demeure traditionnelle. Ces designers croient pour le moment que les limitations notamment au niveau de l’isolation des murs pour satisfaire les normes et le confort canadiens ne menacent personne, le béton, dans le résiden- tiel, étant malaimé par rapport à une bonne vielle ossature en bois apte à accueillir gypse et isolants.
En revanche, la liberté de créer sans avoir à penser mathé- matiques en termes de 4x8 et de 2x4 fascine certains esprits qu’on appellera les utilisateurs précoces.
« En tout cas, si j’étais propriétaire d’un centre de rénovation,
je tenterais de m’associer
à une expérience pilote avec
un entrepreneur ou un promoteur visionnaire. Montrer aux clients qu’on est dans le coup, qu’on connaît et qu’on suit les tendances est toujours rassurant. »
— Richard Darveau Président de l’AQMAT
 










































































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