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L’industrie forestière expose
sa vision des affaires avec
les centres de rénovation du Québec
L’AQMAT a sollicité l’éclairage de Michel Vincent, économiste au Conseil de l’industrie forestière du Québec, sur deux questions fondamentales.
Puisque l’industrie américaine du bois d’œuvre résineux fait souvent preuve
de protectionnisme à l’endroit des produc- teurs d’ici et que le Québec et l’ensemble du Canada nécessitent plus de maté- riaux pour soutenir la construction et la rénovation, pourquoi les scieries ne prio- risent-elles pas le marché domestique ?
Les acheteurs québécois sont très bien approvisionnés par l’industrie. En périodes de conflits commerciaux, comme c’est le cas depuis plus de 40 ans, le marché québécois et canadien demeure plus intéressant que le marché américain en raison de l’absence de contraintes commerciale (taxes, quotas).
Le marché américain et celui du reste du Canada (principalement l’Ontario) permettent à l’industrie du sciage d’être trois fois plus importante en termes d’envergure, générant au passage de grandes économies d’échelle. Ce faisant, les acheteurs du Québec bénéficient de produits de grande qualité, au plus bas prix possible, 12 mois par année, tout au long des cycles économiques.
Le bois d’œuvre résineux se transige à l’échelle nord-américaine. Le prix de vente, pour quelque produit que ce soit, est exactement le même, peu importe qu’il soit vendu sur le marché de Montréal, Toronto, Boston, Grands-Lacs, etc.
Il s’agit d’une industrie à compétition parfaite avec un des plus faibles ratios de concentration qu’on peut observer. C’est l’offre et la demande nord-américaines qui dictent les prix.
Ce sont tous les Québécois qui bénéficient du rayonnement de l’industrie forestière à l’extérieur des frontières du Québec; l’État retire plus de 6 G$ en revenus fiscaux et parafiscaux grâce à l’activité économique générée en plus de l’apport majeur des produits forestiers à la balance commerciale de la province.
Quelles sont les conditions à remplir
de la part des centres de rénovation
du Québec pour être considérés comme des clients aussi sérieux que ceux
du marché américain ?
Les difficultés reliées à la logistique de transport observées au cours des dernières années ont touché tout le monde, autant du côté des acheteurs que des vendeurs, au Québec comme au Canada et aux États-Unis. Tous les acheteurs y compris les quincailliers et les constructeurs du Québec ont compris qu’il fallait passer les commandes plus rapidement pour s’assurer une livraison au moment opportun. Le modèle d’achat prévalant jusqu’en 2020 n’est plus adéquat et les parties se sont ajustées à ce nouvel environnement.
Les scieurs du Québec ne sont pas impliqués dans la vente au détail. Ils vendent leurs produits à des grossistes ou à de très gros acheteurs. Cependant, tous les acheteurs de la chaîne d’approvisionnement doivent se conformer à la Loi canadienne sur la concurrence. Les acheteurs québécois bénéficient d’un avantage concurrentiel par rapport aux autres acheteurs canadiens ou américains en raison de leur proximité physique et culturelle avec les vendeurs. Ils sont donc desservis en priorité dans la mesure où ils passent leur commande à temps.
Le bois, cet essentiel
HIVER 2022 • AQMAT MAGAZINE 63