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Sujet chaud
Pour corroborer les données outre-mer, en juillet, alors que juste- ment les touristes envahissaient les rues piétonnières, l’AQMAT a mené une enquête auprès de huit marchands vivant – ou plutôt subissant – une rue piétonnière pour connaitre leur position. Tous sans exception font état d’une série d’irritants qui affectent l’achalandage, les ventes et surtout les achats de gros volume; certains s’inquiètent carrément de la capacité de leur quincaillerie à survivre à la piétonnisation et se désolent de voir les autorités municipales suivre bêtement un mouvement contraire à l’intérêt de leurs citoyens et de leur ville.
La maigre, mais intéressante récolte d’opinions de la part de 8 quincailleries en situation de piétonnisation et le double de la part de marchands qui ne vivent pas cette réalité.
Même si l’échantillonnage n’a rien de scientifique avec 24 répondants, la position des quincailliers est sans appel: ils se sentent lésés.
«Ça fait longtemps que je m'inquiète des conséquences de la fermeture de l'avenue du Mont-Royal Est même si cela ne dure que quatre mois par année», se confie Benoit Lavigne qui dirige la très vénérable Quincaillerie De Lorimier. «De partager avec l’AQMAT et des collègues des question- nements et peut-être des solutions me fait grand bien; pour dire vrai je me sentais seul avec ces problèmes de fermetures de rue. Maintenant j'ai à nouveau espoir qu'on trouve une solution ! »
Fait à noter, les autres marchands interrogés, mais non concernés, ne semblent généralement pas du tout entichés à voir leur rue devenir piétonne non plus.
Faut-il freiner le mouvement? La question a été posée à Richard Darveau, porte-parole officiel de l’AQMAT. «Bien sûr que non, laissons à Don Quichotte ses chimères. C’est une tendance non réversible. Mais obtenons des mesures de mitigations des effets néfastes et surtout, sensibilisons la population et les élus locaux au risque de séduire les touristes et les fêtards au prix de ne pas repeupler ni densifier les centres-villes, des objectifs qui me semblent plus lourds de conséquences. »
Le souhait de Delphine Grégoire, propriétaire-marchand BMR sur la rue Ontario à Montréal, est que « la population et nos élus comprennent que ce type de projet doit être modulable selon la réalité propre à chaque quartier où l’on souhaite l’implanter. Que ce n’est pas une formule magique qui convienne à tous. Et que parfois, ce qui semble merveilleux peut se révéler fatal ailleurs lorsque l’on fait les choses de façon désinvolte. »
Dans ce dossier, nous analysons les résultats de l’enquête, faisons le point sur la réalité vécue par nos marchands, les solutions de mitigation proposées pour réduire l’impact de ces projets avec, en trame de fond, la grande popularité du phénomène auprès des Québécois.
Études citées Vivre en Ville :
CERTU [CENTRE D’ÉTUDES SUR LES RÉSEAUX DE TRANSPORT, L’URBANISME ET LES CONSTRUCTIONS PUBLIQUES] (2011). Commerces et zones à priorité piétonnes, Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire de France.
MONHEIM, Rolf (2002). « Pedestrianisation and “car free ” city centres as strategies to secure liveability within the city centre », COST C6,
A city for pedestrians : policy making and implementation, Luxembourg, Office for Official Publications
of the European Communities
AUTOMNE 2023 • AQMAT MAGAZINE 45