Page 66 - AQMAT Magazine Été 2020
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La crise sanitaire réduira-t-elle le dumping chinois ?
Le 11 juin, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a lancé une enquête à la demande de l’Association canadienne du contreplaqué et des placages
de bois dur (ACCPBD), appuyée par plusieurs fabricants.
A
llégation : nos manufacturiers font face à une augmentation du volume des importations subventionnées,
à Radio-Canada : « La Chine doit acheter ses ressources de l’extérieur parce que ce n’est pas un producteur de bois, ils sont de l’autre côté de la planète et puis ils réussiraient par magie à produire du contreplaqué, livré au Canada, au tiers du prix. »
Selon M. Lauzon, l’empire chinois a profité de la crise financière de 2008-2009 pour envahir le marché canadien avec environ 35 millions $ en marchandises. Dix ans plus tard, les importations chinoises ont dépassé les 275 millions $, ce qui représenterait plus de la moitié du secteur.
Il faut savoir qu’il y a trois ans, le Départe- ment américain du commerce avait conclu que des produits de contreplaqué chinois étaient injustement subventionnés et se vendaient aux états-Unis à une fraction de
leur juste valeur. On peut donc en déduire que face aux nou- veaux droits de douane améri- cains, les exportateurs chinois ont redoublé leurs ardeurs du côté du Canada pour y vendre leurs marchandises.
Rappelons que premier ministre Justin trudeau a déjà accusé la Chine d’inonder le marché mondial d’acier et d’aluminium à des prix au rabais. Des surtaxes et d’autres mesures sur une panoplie de biens importés, dont ces métaux, ont été
adoptées afin de protéger l’économie et les emplois au Canada.
Le 10 août, tribunal canadien du commerce extérieur a diffusé une « détermination positive » dans son enquête préliminaire, ce qui est de bon augure.
Parallèlement, l’ASFC fait enquête pour déterminer si les importations sont vendues au Canada à des prix injustes et/ou subventionnés, et rendra des décisions préliminaires d’ici le 9 septembre 2020.
Le président et chef de la direction de l’AQMAt, Richard Darveau, résume l’enjeu : « Fondamentalement, ce que le tribunal et les douanes doivent déterminer, ce n’est pas la qualité des produits, mais bien si les entrepreneurs chinois profitent de subventions étatiques pour offrir des prix non-concurrentiels. À cet élément-clé de l’investigation s’ajoute la question des normes de travail et de la protection environnementale, mais on tombe alors dans la moralité plus que dans la légalité. »
Si l’ASFC rend une décision définitive positive le 8 décembre 2020 et que le tCCE conclut que ces importations ont causé ou menacent de causer un préjudice aux producteurs nationaux de contreplaqué, les obligations imposées au pays fautif seront en vigueur pour une période initiale de cinq ans à partir de 2021.
 à une perte de parts de marché et de vente, à une coupure artificielle des prix de vente, à une menace pour les investissements au pays, le tout avec une incidence sur les résultats financiers des entreprises d’ici et sur l’emploi.
La requête est engagée depuis le 21 avril par les entreprises Columbia Forest Products, Husky Plywood et Rockshield Engineered Wood Products ULC, appuyée par les compagnies Precision Veneer Products et ProPly Custom Plywood.
Le vice-président exécutif de l’associa- tion, Gaëtan Lauzon, ne cache pas son hypothèse, lors d’une entrevue accordée
  Depuis de nombreuses années, la Chine vend de grands volumes de contreplaqué décoratif au Canada à des prix très bas. Outre la cause maintenant devant les tribunaux, l’AQMAT rappelle à ses membres que la qualité des produits fait souvent défaut, comme le montre éloquemment la coupe de contreplaqué sur cette photo.
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