Page 11 - AQMAT_Magazine_Hiver2021
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«Au fur et à mesure de plus de gouvernance pour inciter ou imposer des matériaux dont la fabrication est moins consom- matrice de GES et possiblement moins impactante en termes de transport, l’industrie sera forcée d’ajuster ses productions et ses modes de distribution », assure M. Darveau.
Raccorder l’économie et l’environnement avec une approche plus écosystémique et prenant en compte plusieurs aspects pourrait par exemple supposer des recherches sur les thèmes suivants :
• encourager les transactions du bois domestique avant son exportation ;
• solidariser les clients et les producteurs en mutualisant les achats de bois ;
• se repencher sur les grappes économiques lancées par l’ex ministre Gérald Tremblay pour favoriser la sous- traitance régionale sur l’importation ou la délocalisation ;
• ramener au Québec la fabrication d’ingrédients clés pour soutenir notre écosystème de la construction.
Sensibilité des entreprises
en construction aux impacts écologiques
À la question de savoir si nos entreprises sont sensibles à l’environnement, le porte-parole de l’AQMAT était désolé d’avouer que le prix fait encore pas mal foi de tout.
«Ce qui nous ramène à l’ABC du capitalisme, que l’on parle d’écologie ou pas: la demande doit venir des clients. Et étant donné que le client nécessite plus d’information pour contre- carrer sa tendance à choisir le plus bas prix, ça prend des poli- tiques publiques qui éliminent progressivement les produits les moins « friendly », politiques qui tiennent compte des avancées scientifiques et technologiques, mais aussi du facteur social: les matériaux plus environnementaux coûtent plus cher, d’où la nécessité d’aider les classes de gens moins favorisées à pouvoir elles aussi en bénéficier », a soutenu M. Darveau.
Enfin, ce dernier a souligné le doute, pour ne pas dire le cynisme qui s’instaure quand l’application de facto des dites politiques ne suit pas les textes. Il a cité en exemple le cas des règles environ- nementales fédérales qui ont été resserrées depuis le 1er janvier 2021 aux fins de contenir les émissions d’hydrofluorocarbures (HFC) dans les mousses isolantes. Mais le lobby d’entreprises permet à certains fabricants de continuer de vendre des produits moins performants, donc moins chers. Cela crée deux poids deux mesures et incite les plus dociles à eux aussi faire fî des politiques publiques.
« En toile de fond du débat, selon le président de l’AQMAT, c’est la part relative des entreprises à l’inévitable lutte contre le réchauf- fement de la planète dont il est ici question. Si un gouvernement, quel qu’il soit, édicte des règles sans prendre les moyens de les faire appliquer, on verse alors dans la petite politique, pas dans la grande gouvernance. Et cela va nuire à long terme à tous. »
Rôle de l’État pour sécuriser
nos approvisionnements clés
Richard Darveau soutient que le gouvernement devrait toujours peser les impacts de maintenir ou non une entreprise polluante sur le territoire en se posant la question suivante : si le fournisseur quitte, le coût environnemental de faire venir des composants stratégiques du bout du monde ne sera-t-il pas plus élevé que celui de produire localement ?
Faire venir de l’étranger du dioxyde de titane pour fabriquer nos peintures alors que nous avons des gisements à exploiter ici au Lac-Saint-Jean, est-ce environnementalement et économique- ment une bonne décision? Selon M. Darveau, poser la question c’est y répondre en bonne partie.
Et il pousse la réflexion: «Devoir espérer que la chaîne ne se brisera pas sous l’effet d’une crise climatique ou sociale ou sanitaire et tout miser sur une main invisible pour tout réguler, est-ce sage d’un point de vue économique ? »
Actualité
     HIVER 2021 AQMAT MAGAZINE 11
Les changements climatiques
plus violents et plus fréquents
sont appelés à transformer pratiquement tous les maillons d’une longue chaîne d’approvisionnement. Trop lente justement pour faire face au besoin d’agilité
qui caractérise l’économie d’aujourd’hui, laquelle passe du juste-à-temps
au juste-au-cas. Et surtout trop longue
pour être considérée comme amicale pour la planète.










































































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