Page 19 - AQMAT magazine Printemps 2020
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 Au tournant des années 2000, la construction multifamiliale équivalait à 39% de toutes les mises en chantier au Québec. Depuis, ce taux n’a eu de cesse d’évoluer. en 2018, ce sont désormais 79 % des unités qui se qualifiaient comme multifamiliales.
Il faut préciser qu’au Canada, les constructions multifamiliales n’incluent pas seulement les immeubles à logements et les condos, mais aussi les jumelés et les maisons en rangée. Quoi qu’il en soit, on assiste ici à une véritable transformation des pratiques de construction. C’est d’ailleurs une tendance qu’on observe un peu partout en Amérique du Nord.
Avec pareilles statistiques cependant, le Québec s’affiche comme société distincte de la construction multifamiliale.
Les motifs de cette transformation sont multiples. Un premier réflexe consiste souvent à attribuer à la génération des milléniaux un changement d’attitude face à la propriété et à la mobilité. Mais il y a peut-être un raccourci à prétendre que la jeune génération n’aspire plus à habiter sa propre résidence et à se jardiner un coin de terrain. Il y a plus. Au Québec, le nombre de personnes vivant seules est en hausse au point d’avoir doublé depuis 1981. Selon l’Institut de la Statistique du Québec, ces personnes étaient au nombre de
1,2 million en 2016. Dans la même veine, le ministère de la Famille dénote une claire augmentation du nombre de familles monoparentales ainsi que la progression des familles recomposées. À ces mouvements de société s’ajoute inévitablement le vieillissement de la population.
Prosaïquement, il faut peut-être enfin affirmer que les maisons au Québec sont chères. Selon la Réserve fédérale de Dallas, le ratio entre le prix des maisons et le revenu disponible oscille autour de 100 aux États-Unis, de 138 au Royaume-Uni et de ... 150 au Canada.
Renouvellement de la clientèle
Historiquement, l’approvisionnement en matériaux était structuré pour desservir une majorité de constructeurs de maisons unifamiliales. Sauf exceptions, ces constructeurs pouvaient mettre en chantier quelques dizaines de maisons par année au mieux, alors que beaucoup se limitaient à quelques-unes.
Au cœur de ce modèle d’affaires se trouvait un propriétaire de terrain, à la recherche d’une maison neuve. Dans le marché actuel, c’est ce client qui disparaît. Le corollaire de la mutation
Actualité
 35 000 30 000 25 000 20 000 15 000 10 000
5 000 0
1,5 %
1%
0,75 %
0,5 %
0,25 %
0%
dE L’uNIfAMILIAL Au MuLtIfAMILIAL
•Maisonsindividuelles •Unitésmultifamiliales •Moyennedeconstructionmultifamiliales(%)
                                                 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Sources: SCHL et FeA
On voit clairement le point de bascule survenu vers 2011, année où l’érection de maisons individuelles décline alors que celle du multifamilial bondit. Une décade plus tard,
la tendance est confirmée.
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