Page 20 - AQMAT magazine Printemps 2020
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vers la construction multifamiliale, c’est que la construction résidentielle unifamiliale a fondu de 60 % à 20 % du marché au cours des vingt dernières années.
Dans ce contexte, les plus petits constructeurs ont pour beaucoup réorienté leur pratique vers la rénovation. D’autres ont misé sur la construction commerciale. Dans l’industrie des maisons préfabriquées, les leaders qui ont su s’adapter ont tous adopté des pratiques innovantes: innovation dans les produits et les procédés, support à l’approbation et au financement de projets, développement immobilier, et quête de nouveaux marchés. Il y a une certaine consolidation qui s’est opérée dans le marché multifamilial : la capitalisation nécessaire à démarrer des projets est plus importante et les développeurs ont grandi en taille.
Puisque les constructions multifamiliales sont davantage fabriquées en usine que les constructions unifamiliales, les fabricants de composants structuraux sont devenus un acteur encore plus important de la chaîne logistique.
D’une part, ils accaparent une forte partie de la consommation de bois d’œuvre et de panneaux destinés à la construction. en d’autres mots, la proportion de bois qui transige par une usine avant d’être livrée au chantier n’a de cesse d’augmenter. D’autre part, ces fabricants interviennent activement dans la conception des solutions, ce qui influence aussi le choix des matériaux.
en construction résidentielle unifamiliale, les projets requièrent entre 60 et 90 jours entre la première pelletée de terre et la remise des clés. en construction multifamiliale, il n’est pas rare que 8 à 10 mois soient nécessaires.
Pour les détaillants, les ressources à investir dans le développement des contrats peuvent être évidemment plus importantes. Sur une telle période, la volatilité des prix des matériaux devient aussi une préoccupation majeure pour tous les acteurs impliqués dans la construction, depuis le détaillant jusqu’au client. Ce changement implique une gestion du risque renouvelée.
des hauteurs et des matériaux
Le changement le plus important dans le virage vers la construction multifamilale se trouve dans l’utilisation des matériaux. Lors qu’une maison unifamiliale peut requérir entre 10 000 et 14 000 pmp de bois, une unité multifamiliale se satisfait de 5 000 à 6 000 pmp. Le nombre de pieds linéaires de murs est réduit à l’avenant, ce qui influence aussi la demande pour les autres matériaux incluant les revêtements de plancher, les moulures, les portes intérieures, le gypse et bien d’autres.
Au-delà des matériaux, les systèmes constructifs sont aussi différents. en construction résidentielle unifamiliale, l’ossature légère en bois d’œuvre détient pratiquement l’exclusivité au Québec. Une étude récente menée par le Cecobois et le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs permet d’éclairer les pratiques.
Dans la construction multifamiliale de quatre étages et moins, l’ossature légère en bois détenait 84% du marché en 2018, le reste étant partagé à parts égales entre le béton, l’acier, et les solutions hybrides. Dans les bâtiments de 7 à 12 étages, le béton était maître avec 73 % des constructions, suivi de l’acier à 27 %.
Dans ce segment en particulier, on ne retrouvait pas de bois en 2018, mais il est fascinant de noter des réalisations récentes comme le projet Arbora à Montréal et le projet Origine à Québec, comptant respectivement 8 et 13 étages en bois.
entre ces deux segments se trouve la classe de bâtiments à 5 et 6 étages, qui démontre la plus forte croissance dans tous les types de construction au Québec. en 2018, ces bâtiments étaient principalement construits en béton (54 %), en acier (33 %) et en bois (11%). L’apparition du bois dans cette catégorie, en particulier l’ossature légère, devrait susciter l’attention des détaillants de matériaux de construction.
Nouveaux systèmes, nouveau marché
C’est à partir de 2013 que la possibilité de construire des immeubles de 5 et 6 étages à ossature légère est apparue au Québec. À ce moment, FPInnovations et la Régie du bâtiment du Québec avaient uni leurs forces pour faire paraître un Guide de construction d’habitations en bois de 5 et 6 étages. Il s’agissait alors d’une mesure d’exception, jusqu’en 2015 où cette solution a fait son entrée dans le code du bâtiment.
Le passage à six étages n’est pas une transposition directe des solutions connues dans la construction à quatre étages. Les murs de refend, le contreventement, la protection incendie, le retrait vertical et l’agencement avec les autres matériaux, par exemple, impliquent des contraintes de conception et de construction plus sophistiquées.
Même si les techniques sont en développement, les matériaux utilisés sont très clairement en phase avec l’offre actuelle qu’on retrouve dans l’industrie des composants structuraux et chez les détaillants de matériaux. De fait, les constructions à 5 et 6 étages à ossature légère consomment plus de bois par unité de logement et font une plus large part aux produits d’ingénierie.
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